
Le protocole d’observation mis en place par les scientifiques du CNRS de l’observatoire Pelagis de l’université de La Rochelle reposait sur des transects effectués d’est en ouest au large de la Guyane, à une vitesse constante de 8 nœuds. De 6h30 à 18h30, l’équipe d’observateurs et observatrices perchée sur Monkey Island scrute l’horizon, note, répertorie, identifie tout ce qu’elle voit.
Cela leur demande une concentration et une patience infinies. Il peut se passer plusieurs heures sans qu’aucune observation ne soit faite quand tout à coup : “Obs’ à gauche !”. Dans le jargon, cela signifie qu’ils ont repéré quelque chose. Cela peut être un oiseau, un banc de poissons, un déchet, un cétacé. La diversité n’a pas manqué au cours de cette expédition. C’est une zone très riche. Il y a beaucoup de vie sous la surface. Simplement, rares sont celles et ceux qui s’y sont intéressé.es. Pour la première fois, des requins soyeux, des rorquals de Bryde et des dauphins d’Electre ont été filmés en Guyane dans leur milieu naturel. Au total, ce sont 14 espèces de cétacés qui ont été identifiées, 14 oiseaux marins, et de nombreux poissons. (...)
Comme vous le savez, non loin d’ici, au large du Brésil, des projets d’exploration pétrolière sont encore possibles. Ce serait désastreux pour toutes ces espèces, qui seraient alors soumises à un immense stress lors des tests sismiques effectués par les pétroliers et à une pollution sonore insoutenable. On ne vous parle même pas des dégâts irréversibles en cas de marée de noire ou même simplement de fuite de pétrole… (...)
La présence du Récif de l’Amazone dans cette région n’a pas semblé convaincre les majors pétrolières d’abandonner leur projet de forage, notamment BP qui cherche encore à obtenir l’autorisation de forer au large des côtes nord du Brésil. Ces données sur la mégafaune marine ne font que renforcer notre conviction et notre détermination : aucun puits de pétrole ne doit être foré près d’ici. Cette région a la chance d’être encore préservée de l’impact des activités humaines. Il faut que cela reste ainsi. 61 % des océans n’ont pas cette chance.
Des mesures de conservation efficaces doivent être mises en place mais surtout c’est un traité mondial pour les océans qui doit être adopté, et il doit être solide ! (...)