
« La Compagnie des Tripolitaines », de Kamal Ben Hameda
« Je dédie ce livre aux femmes et aux mères qui, une fois par semaine, pendant des années, manifestaient à Benghazi en Libye devant la direction générale de la Sécurité pour réclamer le corps de leurs époux, de leurs enfants disparus cette nuit du 28 au 29 juin 1996, ces dames dont la brûlure du manque a ranimé peu à peu, secrètement, les flammes de la dignité. » Cette nuit-là, près de mille deux cents détenus ont été massacrés à la prison d’Abou Salim, à Tripoli, et la reconnaissance de ce massacre, nié par le pouvoir, est devenue un enjeu de société. (...)
Toute vie sociale leur étant interdite à l’extérieur du foyer, les femmes se recréent des espaces communs où elles puisent leur force, qu’elles soient musulmanes, juives ou catholiques, bourgeoises ou descendantes d’esclaves. Maltraitées et méprisées, elles ne se résignent pas et aspirent à un monde où elles auraient enfin des droits et leur liberté.
Par ce regard de l’enfant qui observe et choisit son camp, introduisant par là un élément de rupture dans la chaîne de reproduction de la domination et de la sujétion, l’auteur se fait annonciateur de lendemains qui chambouleront l’ordre établi. (...)