
Le MAN s’oppose au projet d’un service national universel (SNU). Durant la campagne des présidentielles, Emmanuel Macron avait agité l’idée d’un service national obligatoire de 9 mois pour tous les jeunes garçons et filles, encadré par l’Armée. Les militaires ont manifesté l’automne dernier qu’ils n’en voulaient pas, précisant que cela coûterait aux alentours de 30 milliards.
Le Journal du Dimanche (JDD) a dévoilé le 29 avril que le rapport d’un groupe de travail chargé de définir les contours d’un service national universel (SNU) a été remis au chef de l’État. Cette annonce au milieu des vacances de printemps a-t-elle été lancée pour passer le plus discrètement possible ? L’arbitrage présidentiel devrait être connu "courant mai", d’après le JDD du 29 avril.
Ce rapport propose un dispositif obligatoire à plusieurs étages. On y trouve une première phase de deux fois quinze jours après la classe de troisième qui serait un « prolongement » de l’enseignement moral et civique reçu à l’école, puis un apprentissage de « compétences élémentaires » : secourisme, capacité à s’orienter avec une carte... et prise de conscience « des enjeux de la défense et de la sécurité nationale ». Viendrait ensuite « un mois en internat » pour tous les jeunes entre leurs 16 et 21 ans. Cette période serait consacrée « à des activités sportives, à l’enseignement des gestes de premiers secours et à l’acquisition de réflexes en cas de situation de crise, ainsi qu’à la transmission des valeurs civiques et républicaines ». Cela concernerait 800.000 à 900.000 jeunes appelés par an. Le rapport envisage « des difficultés non négligeables » et plaide pour un déploiement sur sept ans, afin de « garantir la qualité (et la sécurité) de l’hébergement offert ». L’Armée aurait la charge de ce mois d’internat, lequel nécessiterait « des hébergements et des dizaines de milliers d’encadrants. » Le coût de cet internat est évalué entre 2,4 et 3,1 milliards d’euros par an. L’objectif du SNU, avec ce mois en internat, est de « favoriser un brassage social et territorial », précise le rapport.
Le MAN s’insurge contre deux aspects majeurs du SNU. Nous pensons que c’est à l’Éducation nationale et aux associations que revient le rôle de former les jeunes à la citoyenneté, pas à l’Armée. Si l’École a du mal à y parvenir, ne faudrait-il pas plutôt examiner les améliorations à apporter en termes de moyens et de formation ? D’autre part, nous estimons parfaitement illusoire de penser qu’un mois en internat permettrait un brassage social. Et l’on ne devient pas citoyen en un mois !
C’est pourquoi le MAN propose l’abandon pur et simple du SNU militaire, et évoque d’autres pistes plus pertinentes et plus attractives pour développer la solidarité, l’ouverture aux personnes d’autres classes sociales, et la formation à une citoyenneté active digne de ce nom. (...)