
« La révolte fondatrice de Handicap International il y a 30 ans, c’était la volonté farouche d’agir pour les 6 000 amputés cambodgiens auxquels l’aide humanitaire déployée au chevet du peuple Khmer ne proposait rien ! Noyée dans un exode sans précédent – jusqu’à trois millions de personnes agglutinées dans des campements de fortune à la frontière thaïlandaise – cette population particulièrement vulnérable ne pouvait espérer une aide spécifique. La sagesse de l’époque n’en prévoyait pas dans les réponses aux urgences.
Pour faire face à un tel déni de droit, notre mérite a été de miser sur le système D, l’obstination des familles et le soutien de la communauté. Plus tard, au Laos frappé d’embargo, nous avons pu à nouveau nous appuyer sur les trésors d’ingéniosité des communautés villageoises. En Angola et au Mozambique, nous avons appris à travailler quasi clandestinement dans un contexte de guerre civile, que nous retrouverons plus tard dans l’interminable conflit des Balkans. Les grandes catastrophes naturelles, du tremblement de terre en Arménie en 1988 jusqu’à celui d’Haïti en 2010, ont souligné l’importance d’une aide immédiate aux blessés dans la phase d’urgence. La découverte des orphelinats roumains en 1991 nous a conduits à englober le champ du handicap mental dans nos interventions.
Notre obstination à agir en direction des plus vulnérables, y compris dans les situations extrêmes, a porté ses fruits. Grâce à elle, nous avons conquis la légitimité indispensable pour entrer en rébellion contre certaines armes -les mines et les BASM- aujourd’hui illégales (...)