
En décembre 2017, j’ai décidé de parler publiquement du canular téléphonique dont j’avais été victime cinq ans plus tôt lors de ma dernière année à l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille en nommant les auteurs de ces agissements, parmi eux les journalistes Martin Weill et Hugo Clément. Trois étudiants de ma promotion, de mon groupe de télévision, qui à deux reprises se sont faits passer au téléphone pour les ressources humaines de Radio France me faisant miroiter un recrutement et propageant des rumeurs à mon encontre au sein de l’école : je cherchais à voler la place d’autres étudiants dans des médias, je mentais sur mon CV, j’étais ambitieuse au point de vouloir écraser les autres. A l’époque, j’étais enceinte de mon premier enfant.
Je ne l’avais pas dit car je connaissais la toxicité de ces étudiants et savaient qu’ils s’en serviraient contre moi dans mon début de carrière professionnelle. Ils avaient déjà commencé à tisser leur réseau. A l’époque, j’avais déposé une main courante dans un commissariat du 9ème arrondissement de Paris car je n’avais aucune confiance et pensais qu’ils pouvaient aller encore plus loin. Durant la scolarité, ces mêmes étudiants “s’amusaient” également à diffuser sur les ordinateurs de l’école le clip “La Zoubida” avant nos cours de télévision (j’étais la seule étudiante d’origine arabe dans le groupe) et l’un d’entre eux, délégué des élèves de notre promotion, prenait un plaisir à me surnommer “Saddam”. Voilà pour l’ambiance.
Quiconque a eu à subir ce type d’agissements sait qu’on ne raconte jamais ce genre de choses à la légère. Nous, journalistes, avons plutôt pour mission de parler de la vie des gens et on ne met pas la lumière sur nous, surtout pour ce genre d’affaires, par plaisir. Je l’ai fait avec responsabilité car j’avais pleinement conscience que ce que j’allais raconter parlerait à un grand nombre d’étudiants, actuels ou anciens, aux consoeurs journalistes mais aussi à d’autres femmes, qui souvent, dans leur milieu professionnel, ont eu aussi à subir ce type de comportements voire des bien plus graves. J’avais malheureusement trop raison. Depuis décembre 2017 et à l’aune des révélations autour de la “Ligue du lol”, j’ai reçu plus d’une vingtaine de témoignages allant dans ce sens. (...)