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le Monde
Hébergement des migrants : le « 115 » sous pression
Article mis en ligne le 17 octobre 2019

Des associations dénoncent le « tri » qu’imposeraient des préfectures pour l’accueil des personnes étrangères.

« Le 115 ? Certains jours, j’appelais quinze fois. Mais ils m’ont demandé d’arrêter : “On ne prend plus de demandeurs d’asile”, disaient-ils. » Alors Thierry Negathe s’est construit une cabane avec des palettes en bois, dans un grand hangar d’une zone industrielle au sud-est de Rennes. Investi il y a un mois, le lieu abrite aujourd’hui quelque 350 migrants. (...)

Thierry Negathe est Camerounais et il a déposé une demande d’asile en août. Il dit n’avoir, depuis, jamais été hébergé par l’Etat. Pas plus que Sokhna, une Sénégalaise de 23 ans, elle aussi demandeuse d’asile, qui a investi une petite pièce du squat rennais, à l’étage, avec son fils d’un an et demi. Arrivée en France depuis un an, elle a été hébergée plusieurs fois par des familles, grâce à une association. « Quand j’appelle le 115, c’est la même réponse, dit-elle. La dernière fois, on m’a demandé si j’étais demandeuse d’asile et on m’a dit qu’il n’y avait plus de place. » « Tous les jours, des gens refusés par le 115 arrivent ici », constate Vincent, membre du collectif qui a investi ces entrepôts privés inoccupés.

La saturation des centres d’hébergement d’urgence n’est pas nouvelle. (...)

Mais, depuis l’été, un changement est intervenu, sur une consigne explicite de la préfecture. « Pour orienter les personnes, on nous demande de faire une évaluation préalable de leur situation administrative », explique Sophie Randuineau, la directrice du SIAO-35, le service d’accueil et d’orientation dont dépend le 115.

Ainsi, lorsqu’un demandeur d’asile sollicite une prise en charge, le SIAO doit d’abord obtenir une autorisation des services de l’Etat avant d’éventuellement lui proposer un hébergement. (...)
Pierre angulaire de l’hébergement d’urgence, le principe d’inconditionnalité, défini par le code de l’action sociale, prévoit que « toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence ».