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Greek Crisis
Hominidés
Article mis en ligne le 5 octobre 2015

Automne déjà. Retour à la normale, surtout manière de parler. Tout s’y mêle, ferrailleurs ambulants, chiffonniers politiques, mesures du mémorandum III annoncées... en cascade. Le dernier montant garanti de retraite dite nationale, 360 euros par mois... n’est plus : “Cette nouvelle peut désormais se traduire dans la pratique sur le terrain par des retraites... à 100 euros par mois”, assurent les... spécialistes, derrière les hublots de la télévision. Traduction... simultanée.

Le supposé grand peuple rétréci et recoquillé, se maintient coûte que coûte... dans les cafés, notamment les plus jeunes. Et dans les parcs, des sans-abri s’endorment parfois enveloppés d’un mince tissu protecteur. Symbole et alors linceul de toute une (autre) vie.

Les Grecs plutôt âgés quant à eux, évoquent sans cesse le cauchemar pratiquement accompli de la fin de la retraite par répartition, voire, de la retraite tout court. Pour certaines catégories... d’anciens combattants du travail la portion est très amère. “J’ai choisi le métier de marin et j’ai parfois travaillé durant 36 mois sans période de repos en terre ferme. Et à cette époque, tout le monde nous expliquait que notre service alors sans répit, compterait davantage que le travail sur terre. Sans les voler à personne, nous avions accumulé suffisamment de trimestres... salés et agités pour prendre notre retraite avant nos soixante ans et ainsi ensuite, pouvoir monter une petite affaire bien à nous u pays et vivre jusqu’à la fin de notre existence”.

“Ensuite, la caisse des marins, au demeurant la moins problématique de toutes, a été fusionnée avec les organismes... des terriens, je ne toucherai donc pas ma retraite de marin avant bien longtemps, et elle sera de toute manière diminuée. Au même moment, mes cotisations de petit commerçant ne me permettent pas non plus d’envisager une quelconque pension avant bien longtemps. En réalité, j’ai travaillé au-delà d’une vie active normale déjà, mes 27 années en mer m’ont usé... et je ne vois pas ce que je dois encore faire. Si je savais à l’époque que mes droits à la retraite auraient été spoliés de la sorte, je n’aurais pas choisi d’être marin. Les dirigeants politiques sont des escrocs...” (...)

La société n’est plus, le ressentiment domine. Heureux qui comme touriste à la saison finissante débarque la nuit tombante à Égine ou à Póros. D’autres passagers, des Grecs souvent aisés se souviennent, forcement à voix haute, de la fois d’avant et de la traversé de la semaine dernière, au moment où ils étaient tombés sur le couple Varoufákis, propriétaires comme on sait d’une demeure sur l’île d’Égine. (...)

Étrange pays bradé... à la vie pourtant bien chère et en définitive insignifiante. À Athènes, les livres sont profitablement échangés entre les habitants, ils passeront ainsi l’hiver... entre les lignes, faute de mieux, le café se vend parfois un euro, la coupe forcement pleine, et les appartements situés dans les quartiers dévalorisés, s’acquièrent entre 500 et 1000 euros le mètre carré, et encore, lorsqu’ils trouvent preneur.

Les habitudes de crise s’y installent depuis six ans déjà que tout cela dure, il serait plus exact de parler de coutumes et des traditions... de crise. Les réfugiés-migrants, s’y installent aussi, néanmoins ils sont sans cesse balancés entre les parcs et les stades de la région d’Athènes. Chance et malchance.

Une personne se présentant comme medium et cartomancienne, propose ses services pour 15 euros, d’après l’affichette artisanale, tandis qu’au même moment, une publicité pour une école d’apprentissage privée, prétend pouvoir offrir un mois d’apprentissage de la langue de Shakespeare pour seulement 19 euros, c’est moins couteux que la séance chez la cartomancienne et c’est autant... une ruée vers le futur. (...)

Animaux parfois nourris par les passants et par les habitants des quartiers, l’œil exercé du flâneur, remarquera aussi ces biscottes et autres croquants solidaires, déposés discrètement sur les bancs publics, au... bénéfice des sans-abri. (...)

Nos visiteurs à l’œil exercé et singulièrement ouvert, remarquent parfois ces contrastes de la vie quotidienne grecque, derrière la vitrine ou bien sous l’épiderme des circuits touristiques.

Immeubles délabrés depuis longtemps, graffitis débordants, expressions ainsi extrêmes d’un nouveau siècle qui l’est autant. Place Victoria, les réfugiés et migrants venus de Syrie et d’ailleurs ont été délogés pour... regagner d’autres places et parfois gymnases de l’agglomération, “Il y a une mauvaise odeur partout, c’est de l’urine...”, remarquèrent deux touristes francophones. Le déracinement aura constamment une odeur, siècle après siècle.

Les hominidés qui fabriquaient de rudimentaires outils de pierres ont depuis fabriqué tant d’armes et tant d’outils dits financiers. “Il se peut fort bien que nous descendions d’humains qui ont exterminé à répétition leurs rivaux, pratique qui a culminé dans la disparition de nos cousins néandertaliens il y a trente mille ans”, note le philosophe et anthropologue Ronald Wright (“La fin du progrès ?” (2004). (...)

Les hominidés pourtant assoiffés de culture, attendent patiemment pour se procurer un billet bradé et pour une place au Théâtre national. Il y aurait donc un certain espoir... l’économie, le moral, le travail, les retraites et la Gauche en moins !

Les Grecs murmurent à propos des dernières évolutions sur le front des... retraites, entre deux autres sujets, supposés apolitiques et... inexistentiels. Sauve-qui-peut. (...)

quant à nos gauches... largement éconduites du foyer de l’histoire, entre, la capitulation SYRIZA et l’effondrement électoral (et psychique) des... schismatiques de l’Unité populaire, l’heure est au temps mort. Entre les protagonistes de l’Unité populaire... c’est la désunion, certains quittent la scène publique discrètement, d’autres, agissent ou plutôt, ils rallongent les allures de leur amertume, article après article publié forcement sur internet. (...)

Au large de l’île d’Égine le soleil se couche à son habitude, comme du temps où les hominidés fabriquaient encore de rudimentaires outils de pierres, bien avant les armes modernes et fort antérieurement aux outils dits financiers.

La toute dernière génération des adespotes attitrés vient de faire son apparition dans les espaces ouverts en attendant non sans crainte, le rude passage de l’hiver prochain. Comme nos retraités et comme tout le monde.