
La Courneuve :
L’expulsion du bidonville du Samaritain a eu lieu ce jeudi 27 août après-midi, au mépris de la loi et des droits fondamentaux.
Ce sont plus de 300 personnes qui auront vu leurs ruelles, leurs baraques et leur église détruites par un bulldozer comme l’a demandé le Maire de La Courneuve, Gilles Poux, le 27 août 2015. En quelques minutes, sous la pluie, l’espoir d’une autre politique, concertée, efficace et financée entre autres par la Fondation Abbé Pierre et Médecins du Monde s’effondre. Le Maire Communiste, soutenu par le Front National de Seine-Saint-Denis, aura refusé toute alternative.
Près de 39 000 personnes avaient signé la pétition initiée par le jeune Jozsef Farkas, 17 ans, résident du bidonville en service civique, qui rêve de devenir aide soignant. Pour la première fois en France, une politique alternative était définie et les ONGs prêtes à y mettre les moyens, avec des partenaires publics qui n’attendaient que l’aval du Maire. Mais Gilles Poux, maire communiste de la ville, soutenu, dans ce cas, par le Front National de Seine-Saint-Denis, n’a rien voulu savoir. La seule solution, selon lui : l’expulsion.
A partir d’aujourd’hui, 300 personnes, dont une grande partie a réussi à initier un parcours de formation, d’insertion sociale et économique malgré les refus de domiciliation pour lesquelles la Ville a été condamnée par la justice le 12 août, dernier, sont donc soudain jetées dans les rues de la Courneuve. Parmi elles, des bébés de quelques semaines, des personnes très âgées, malades ou en situation de handicap.
Des messages mensongers.
De communiqués en tribunes, le maire de la Courneuve n’a pu trouver pour se justifier que mensonges. Alors qu’il est sollicité depuis un an pour discuter du projet monté avec les habitants du samaritain, des experts, et porté par un collectif de dizaines d’associations locales et nationales dont Médecins du Monde et la Fondation Abbé Pierre, il a clamé, tour à tour, que le projet était élaboré par un groupe isolé ; qu’il s’agissait d’un projet de pérennisation de bidonville ; qu’il ne recevait aucune aide ; et qu’il avait mis en place tout ce qu’il pouvait pour aider les familles à s’insérer… alors que la Mairie vient justement d’être jugée coupable pour avoir abusivement refusé les domiciliations nécessaires aux démarches des habitants du bidonville, que le projet n’a pour but que la sortie progressive du bidonville, et que les pouvoirs public n’attendaient que le feu vert du Maire pour le soutenir.
Un diagnostic social stoppé par l’expulsion.
A l’origine, aucun diagnostic n’avait été prévu. Grâce à l’action du Défenseur des Droits et son communiqué du 18 aout 2015, il a enfin pu commencer le mardi 25 aout. L’objectif de ce dispositif est de mettre en place un accompagnement social. Contrairement aux affirmations de la préfecture, ce diagnostic était toujours en cours ce matin, et les associations avaient rendez-vous aujourd’hui pour remettre leurs informations. En empêchant l’accompagnement prévu par la circulaire de 2012, la préfecture et le maire PC de la Courneuve se moquent ouvertement de la loi, des droits humains, et du Défenseur des Droits.
Un émissaire de l’ONU humilié par le maire de La Courneuve
Demain après midi, le maire avait rendez-vous avec Jan Jarab, représentant régional du haut commissaire aux droits de l’homme pour l’Europe (ONU) qui devait venir à La Courneuve pour discuter de l’avenir du Samaritain. Jan Jarab soutenait le projet de sortie concertée du bidonville et s’opposait à cette expulsion. Le maire de La Courneuve a donc sciemment menti à un émissaire de l’ONU et à tout ceux à qui ont a laissé penser qu’une négociation était en cours.
La rue, la pluie pour toute solution. La solidarité réprimée.
Sur les 300 personnes qui vivaient au Samaritain, seules 12 personnes se sont vues proposer trois nuits d’hôtels à l’autre bout de l’Ile-de-France. Pour toutes les autres familles, c’est déjà la rue, la pluie et la police qui harcèle pour disperser. Mais pour aller ou ? Que vont devenir Jozsef et ses espoirs, les enfants du Yag Bari, ce nouveau-né sans état civil, la petite Magdalena et ses amies ?
Une honte pour le Parti Communiste
La Courneuve pouvait démontrer qu’une autre politique est possible et efficace dès lors qu’on associe toutes les forces vives : habitants, fondations et ONGs nationales, chercheurs, architectes, associations locales, élus locaux. Les Jeunes Communistes de Seine-Saint-Denis, Ensemble !, l’évêque de Saint-Denis ont rejoint les soutiens de toute part pour demander au Maire d’agir de manière responsable et conforme aux valeurs de son parti, aux valeurs humaines. Le Maire, soutenu par la députée Marie-George Buffet, a choisi l’inhumanité. A la veille de la fête de l’Huma et de l’événement de l’automne « La Courneuve, Ville-Monde », et alors que la campagne pour les régionales s’amorce, les électeurs apprécieront.