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Hôpital Pitié-Salpêtrière : désinformation générale et mensonges médiatiques
Article mis en ligne le 3 mai 2019

Les médias audiovisuels ont piétiné l’information. Une fois de plus. Les événements survenus à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, en fin de manifestation du 1er mai, ont débouché sur un vaste épisode de désinformation relayé par de nombreuses télévisions et radios. Un épisode qui témoigne de la précipitation des journalistes, y compris de certains journalistes de terrain, de l’absence totale de vérification et de recoupement des sources, de la reprise en boucle de la communication gouvernementale et de la hiérarchie hospitalière, de la marginalisation de témoignages contradictoires, et enfin, d’un mensonge délibéré.

Le soir même, de nombreux témoignages sous forme écrite ou en images remettent pourtant en cause la version des autorités, comme ceux relayés par le journaliste David Dufresne et par la photographe ValK.

Le lendemain, le service Checknews de Libération et les Décodeurs du Monde publient deux articles qui achèvent de discréditer un peu plus la version officielle d’une « attaque » de l’hôpital par des manifestants. Ces derniers auraient, en réalité, cherché un refuge suite à des charges policières et au gazage de la manifestation.

Les témoignages des manifestants disponibles le jour même auraient dû inviter les journalistes à la plus grande prudence. Mais les chaînes de télévision et de radio n’ont pas attendu pour s’emballer, et apporter leur contributions à un vaste épisode de désinformation. (...)

Sans tarder et sans le moindre recul, certains journalistes n’hésitent pas à emboîter le pas de la communication gouvernementale sur Twitter. C’est le cas par exemple de Thierry Arnaud, éditorialiste de BFM-TV, et de Fabienne Sintès, du 18/20 de France Inter (...)

Et comment qualifier une telle leçon de journalisme ? Sur Twitter et sur son site web, la radio publique s’illustre également en accompagnant l’article reprenant les termes de la directrice de l’hôpital d’une photo… prise devant le commissariat du 13e arrondissement (...)

Une grossière manipulation à laquelle France Info s’est également livrée, et qui a été pointée par Checknews. La chaîne d’info publique recevait d’ailleurs le matin même… Martin Hirsch, en titrant sans aucune distance : « L’hôpital de la Pitié-Salpêtrière pris pour cible ». (...)

Ce nouvel épisode de fièvre médiatique montre une fois de plus l’adhésion presque immédiate de certains journalistes et médias à la communication gouvernementale. Les cortèges tout juste dispersés, le tapis rouge médiatique s’est déroulé pour Agnès Buzyn, Martin Hirsch et la directrice de la Pitié-Salpêtrière alors même que leurs versions d’une « attaque » de l’hôpital étaient déjà largement remises en cause. Cet épisode montre aussi l’outrance des plus zélés relais médiatiques du gouvernement et de la préfecture. Leur mépris vis-à-vis d’autres paroles, notamment de celle des manifestants comme des personnels de l’hôpital. Et en définitive, le piétinement de la déontologie journalistique la plus élémentaire.