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Mediapart
Huit sympathisants du groupuscule identitaire Bordeaux nationaliste ont comparu devant le tribunal, jeudi et vendredi, pour des violences racistes et un outrage sexiste dans le quartier Saint-Michel, le 25 juin dernier.
#extremedroite #racisme
Article mis en ligne le 26 mars 2023
dernière modification le 25 mars 2023

Au tribunal correctionnel de Bordeaux, jeudi 23 et vendredi 24 mars, les huit jeunes hommes assis au premier rang comparaissent pour des « violences à caractère raciste » en réunion, avec usage de gazeuses, et un outrage sexiste. Malgré les dénégations de certains, les enquêteurs les associent au groupuscule identitaire Bordeaux nationaliste, dissous en conseil des ministre le 1er février dernier. À part Yanis I., déjà condamné pour des délits routiers, leurs casiers sont vierges.

Ils sont soupçonnés d’avoir participé dans la nuit du 25 juin 2022 à une « expédition punitive » dans le quartier Saint-Michel, poste avancé de la gentrification bordelaise qui conserve une réputation populaire et cosmopolite. Eux parlent d’une « soirée festive » entre amis, la vingtaine pour la plupart, démentent toute « provocation » et jurent qu’ils ne cherchaient pas la bagarre. (...)

Cette version résiste difficilement aux images tournées par des riverains ce soir-là et projetées dans le tribunal. À deux heures du matin la petite bande déambule dans les rues, scande des slogans – « Mélenchon, fils de pute », « Bordeaux nationaliste », « On est chez nous », « Et ils sont où les antifas ? » – et imite des cris de singe (selon eux, des cris de spartiate). Quelques-uns font des saluts nazis, bras tendu, qu’ils présenteront en temps utile comme un « salut romain » ou un clapping de stade.

Le bazar qu’ils mettent interpelle les passant·es et réveille les riverain·es. Plusieurs témoins rapportent des propos lancés sur leur chemin (...)

Coups de poing, de pied, de lacrymo (...)

Amin E., un commercial de 37 ans, a assisté depuis sa fenêtre à l’arrivée tonitruante du groupe dans le quartier. Il décide de descendre pour « prévenir les petits jeunes, toujours posés au bas de la rue, qu’un danger arrive » et tombe nez à nez avec ces intrus, aux prises avec des passants. Un homme lui paraît en difficulté. Cet enseignant a aussi déposé plainte pour des coups et un gazage à la lacrymo, laissant son avocat le représenter au tribunal.

Sommé de dire s’il est « français ou algérien » et sentant une main passer dans son dos, Amin E. reconnaît avoir mis le premier coup de poing. En réponse, il se tabasser à coups de poing, de pied et de lacrymo, ce qui lui vaudra quatre jours d’incapacité totale de travail (ITT). La rixe se transforme en bataille rangée d’une quinzaine de minutes, avec des projectiles qui volent.

Le soir de leur excursion à Saint-Michel, les membres du groupe ont fièrement posé devant le Singe vert, un bar fréquenté par les antifascistes, quelques pintes à leurs pieds. Dès le lendemain, la photo est postée sur le canal Telegram identitaire « Ouest Casual », accompagnée d’une légende qui les présente comme des « nationalistes » ayant fait face à « 25 racailles immigrantes et dealers ».

Sur cette image, la moitié d’entre eux a le visage masqué. Certains font un signe avec trois doigts, le « salut de Kühnen », en vogue dans les milieux nationalistes pour contourner l’interdiction du salut hitlérien. À l’audience, les prévenus affirment en ignorer le sens ou tablent sur la polysémie (...)

Le tribunal doit rendre son jugement le 16 mai.