
Jeudi 6 décembre, la police est intervenue dans de nombreux lycées mobilisés dans le cadre d’un vaste mouvement national lycéen concernant plus de 300 établissements. Bilan : plus de 700 interpellations de lycéens dans toute la France et de nombreux blessés. Dans un lycée de Mantes-la-Jolie, les policiers ont procédé à une interpellation collective de 148 lycéens. Les humiliations subies par les lycéens ont été documentées par plusieurs vidéos montrant les lycéens en ligne contre un mur, agenouillés avec les mains derrière le dos ou derrière la tête.
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Ces images ont largement circulé sur les réseaux sociaux dans la journée de jeudi ; elles n’ont été reprises que tardivement dans les grands médias. Et si de nombreux journalistes se sont émus de ces comportements policiers, d’autres les ont parfois démentis ou encore relativisés. Il s’en est même trouvé, parmi les sommités de la profession, pour les approuver et les justifier. (...)
Les violences font l’objet d’un traitement médiatique à deux vitesses, en particulier depuis la manifestation de samedi 1er décembre. Celles subies par les lycéens de Mantes-la-Jolie au cours et suite à leur interpellation illustrent bien cette disproportion : si les médias dominants surexposent les violences des manifestants, les images de violences policières sont diffusées au compte-goutte. Et quand ces dernières circulent, certains éditorialistes se liguent en plateau pour les minimiser, voire pour en retourner l’interprétation en faveur… de la police. Un journalisme de préfecture qui prend ces derniers temps des accents orwelliens : dans le monde des éditorialistes de « la presse libre » [1] : réprimer, c’est protéger.