
De la polémique sur « l’avortement de confort » aux promesses, à gauche, du remboursement à 100%, les questions sur l’IVG ont alimenté la campagne présidentielle ces derniers jours. En laissant de côté la question primordiale du coût pour les hôpitaux.
(...) Si le Front National est prêt à remettre en cause le remboursement de l’IVG, d’autres candidats veulent au contraire qu’il soit remboursé à 100% (il l’est aujourd’hui à 70 ou 80%). C’est l’engagement qu’a pris François Hollande le 8 mars, rejoignant sur ce point les positions d’Eva Joly (EELV) et de Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche). Une réponse aux revendications de nombreuses associations féministes.
Le candidat socialiste entend par ailleurs « que tous les établissements hospitaliers [publics] de notre pays puissent être dotés d’un centre IVG ». De fait, le nombre de centres hospitaliers dotés d’un centre IVG est en baisse constante en France. De 729 en 2000, il est passé à 639 en 2006 et à moins de 600 en métropole en 2009. Ce qui « constitue indiscutablement une restriction dans les possibilités de choix de femmes », relevait l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) en 2009. Une baisse due essentiellement au « désengagement du secteur privé à but lucratif, lié en grande partie à l’absence de rentabilité de cet acte », déplorait l’IGAS. Les hôpitaux publics prennent aujourd’hui en charge les trois quarts des IVG, contre 60% en 1990. (...)
D’autres questions se posent. Doter tous les établissements hospitaliers d’un centre IVG, comme le veut François Hollande, implique aussi de les doter en moyens. Car « toutes les structures hospitalières n’offrent pas l’éventail complet des techniques disponibles pour réaliser les IVG », relevait l’IGAS en 2009. Tandis que beaucoup s’inquiètent du développement des IVG médicamenteuses. La technique, autorisée depuis 1989, est plus simple et moins coûteuse et se développe rapidement : elle concerne aujourd’hui plus de la moitié des IVG. Mais elle n’est pas forcément la plus adaptée.
Autre question : celle du personnel. Car pour pratiquer une IVG il faut plus que des hôpitaux ; il faut des médecins. Or, les spécialistes s’inquiètent du vieillissement de toute une génération de médecins « militants », très sensibilisés à la pratique. Leur prochain départ à la retraite, selon l’IGAS, va rendre « difficile la reconstitution d’un vivier de médecins susceptibles d’assurer la mise en oeuvre de l’IVG. »