Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Slate.fr
Il a passé deux mois à ne s’informer qu’avec la presse écrite
Une fois les notifications et les réseaux sociaux mis en silencieux, quels échos nous parviennent de l’agitation du monde ?
Article mis en ligne le 10 mars 2018
dernière modification le 9 mars 2018

Farhad Manjoo est le monsieur « état de l’art » de la rubrique Business Day du New York Times. Pendant deux mois, c’est l’état de l’art médiatique qu’il a tâché d’investiguer, par la négative : ne tirer ses nouvelles du monde que par les journaux imprimés, à l’exclusion du numérique –exit les alertes, notifications, réseaux sociaux et autres addictifs pixelisés.

À partir de janvier, il s’est limité aux quotidiens du Times et du Wall Street Journal, à un journal local, le San Francisco Chronicle, à un magazine hebdomadaire, The Economist... et tout de même, à quelques podcasts et bulletins d’information.

« En gros, j’essayais de ralentir les nouvelles –je voulais toujours être informé, mais je cherchais des formats qui faisaient primer la profondeur et la précision sur la vitesse », explique-t-il. (...)

« Il y a beaucoup de choses que j’étais content de manquer. Par exemple, je n’ai pas vu les fausses déclarations –possiblement amplifiées par des robots de propagande– selon lesquelles le tueur était un gauchiste, un anarchiste, un membre de l’organisation État islamique et peut-être juste un parmi de multiples tireurs. J’ai manqué le rapport de Fox News l’attachant aux groupes de résistance syrienne avant même que son nom ne soit divulgué. Je n’ai pas non plus vu la déclaration relayée par de nombreux organes de presse (y compris le New York Times) de même que par le sénateur Bernie Sanders et d’autres libéraux sur Twitter d’après laquelle le massacre était la 18e fusillade dans une école de l’année, ce qui n’était pas vrai. »

Hystéries complotistes et « bulletins à moitié cuits » évacués, Manjoo se retrouvait donc avec sa petite pile de journaux : quarante minutes à « lire attentivement l’horreur de la fusillade et le million d’autres choses que les journaux avaient à [lui] dire ». C’est un éloge de la lenteur qui suit :

« Non seulement j’avais passé moins de temps avec l’histoire que si j’avais suivi son déroulement en ligne, mais j’étais aussi mieux informé. Parce que j’avais évité les erreurs innocentes –et les mauvaises indications plus malveillantes– qui avaient imprégné les premières heures après la fusillade, ma première expérience de la nouvelle était un compte-rendu exact des événements réels de la journée. »(...)