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CNRS, le journal
« Il existe des options pour réduire les émissions de GES dans tous les secteurs »
#GES # rechauffementclimatique #GIEC
Article mis en ligne le 16 mars 2023

Pour atténuer les effets du dérèglement climatique, tous les secteurs socio-économiques doivent enclencher dès maintenant une profonde transformation : c’est ce qui ressort du troisième et dernier volet du sixième rapport du Giec, publié aujourd’hui. Entretien avec Céline Guivarch, économiste et co-auteure de ce volet.

Spécialiste de l’économie du changement climatique, vous avez contribué à la rédaction de ce troisième volet, consacré à l’atténuation du changement climatique et de ses conséquences, ainsi qu’à celle du résumé aux décideurs. Quelle est la spécificité de ce dernier volume ?

Céline Guivarch.
Tout d’abord, il est important de le replacer dans la trilogie du sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).

Le premier volet, publié en août 2021, portait sur la physique du climat. Il atteste d’un fait scientifiquement établi : on observe de manière incontestable un réchauffement du globe – et ses effets – dû aux activités humaines et aux émissions de gaz à effet de serre (GES) qui en découlent. (...)

Le deuxième volet, dévoilé en février dernier, traitait des impacts, de la vulnérabilité et des stratégies d’adaptation face au changement climatique. Il est lui aussi sans équivoque : le réchauffement climatique représente une menace pour le bien-être humain et la santé planétaire. On constate déjà une augmentation de la fréquence des événements extrêmes, des pertes et des dommages pour la nature et pour les personnes.Il existe des solutions d’adaptation pour se préparer et anticiper les répercussions sur nos économies. Mais il y a des limites « dures » à ces adaptations, un seuil au-delà duquel chaque fraction de degré supplémentaire augmente les effets négatifs du changement climatique et en multiplie les risques. Pour éviter de les atteindre, nous devons contenir l’ampleur et la vitesse du changement climatique. (...)

C’est là qu’intervient ce dernier volet sur l’atténuation : l’évaluation des moyens possibles et envisageables pour réduire nos émissions de GES. Car, de fait, leur accumulation dans l’atmosphère est la cause du réchauffement climatique anthropique qu’on observe. Adaptation et atténuation sont en fait deux voies d’actions complémentaires.

Quelles sont les principales conclusions de ce troisième volet ?
C. G. Au total, plus de 18 000 publications ont été étudiées par des scientifiques du monde entier pour ce rapport. Le Giec ne préconise pas de solutions mais évalue chacune des options possibles pour relever ce défi, à différents niveaux de gouvernance et dans différents secteurs économiques. Le développement durable en est le fil rouge : toute l’analyse est faite par son prisme et en lien avec des objectifs multiples de réduction de la pauvreté, des inégalités, ou encore d’éradication de la faim. Nous y faisons le bilan des émissions de GES passées et présentes dans les différents secteurs : énergétique, transports, bâtiment, industrie, agricole et alimentaire. Nous avons aussi évalué différentes trajectoires d’atténuation à court et à long terme compatibles avec, notamment, des objectifs de limitation à 1,5 °C et 2 °C d’augmentation de la température du globe par rapport à l’ère préindustrielle. Enfin, nous avons balayé les options de réduction des émissions par secteurs. (...)

il sera de plus en plus difficile d’atteindre des niveaux de température bas sur le long terme et nos options pour y parvenir s’amenuisent à mesure de notre inaction. (...)

Je formule le souhait que le changement climatique, que les solutions pour y faire face et, plus largement, que les crises environnementales ne soient plus traités comme des actualités ponctuelles, dont l’intérêt n’est suscité qu’à la sortie d’un rapport ou lorsqu’un événement climatique extrême survient. Les bouleversements en cours et nos solutions pour s’y adapter ou les atténuer concernent de manière très large toutes nos activités et tous nos choix, que ce soit la façon dont on se déplace, dont on se loge, dont on produit, dont on consomme. Le changement climatique est aussi une question d’inégalités qu’il faut prendre à bras-le-corps. Nous avons besoin d’un traitement et d’un relai médiatique constant. C’est désormais l’affaire de tous.