
La musique classique doit cesser d’appartenir à une certaine élite et envahir nos salles de classe, ce qui permettra à nos enfants de se frotter à un univers si infini qu’une vie ne suffira pas à en épuiser toutes les merveilles.
Notre sémillant ministre de l’Éducation a beau s’employer dans tous les sens et empiler mesure sur mesure, il n’échappera pas à cette triste réalité : l’école est une fabrique à crétins –j’en suis la preuve éclatante– qui, au lieu d’élever la sensibilité de l’enfant et lui permettre de jouir de tous les aspects de la vie, préfère l’engloutir sous une masse d’enseignements aussi ineptes les uns les autres dont il ne retiendra pas grand-chose si ne n’est quelques vagues connaissances tout juste bonnes à assurer le train-train de la société. (...)
S’il est bien une activité de l’esprit humain qui jamais ne pénètre à l’intérieur de nos écoles ou de nos collèges, c’est l’apprentissage et la découverte de la musique classique et dans cette mise à l’écart singulière, je ne peux m’empêcher de voir la mainmise d’une certaine bourgeoisie qui aussi imbécile qu’ignorante, a décrété une bonne fois pour toutes que ce genre d’expression musicale ne saurait être partagé par le plus grand nombre et demeurer ainsi une activité confidentielle réservée à une soi-disant élite peu encline à voir des hordes de gueux débarquer au beau milieu de leurs prestigieuses et rutilantes salles de concert. (...)
Ce qui expliquerait qu’on puisse passer toute sa scolarité sans avoir la chance ou l’occasion d’écouter ne serait-ce qu’une seule fois une symphonie, un opéra ou tout autre morceau de musique joué par des musiciens professionnels. Je me souviens bien avoir assisté, étant collégien, à des représentations théâtrales, m’être rendu dans des musées accompagné de mes professeurs, avoir même eu la chance d’entreprendre un voyage linguistique mais jamais d’avoir eu l’opportunité de m’asseoir dans une salle de concert écouter un concerto de Beethoven. Jamais.
En guise d’éducation musicale, on se bornait à siffloter bêtement dans des flûtes à bec une fois par semaine avant de vite passer à autre chose.
Si bien que mes parents ayant peu de goût pour la musique classique, je suis arrivé à l’âge adulte totalement ignare en la matière, si ignare que j’ai dû attendre mes cinquante ans pour enfin avoir l’audace de pénétrer dans un auditorium.
Quel gâchis (...)