
« Je refuse de confondre l’affaiblissement du corps et celui de l’esprit. Je veux que tous aient le droit de garder cette part de dignité qui est la leur jusqu’à leur dernier souffle. Qu’on n’oublie pas qu’eux aussi ont vécu leurs quatre-temps et ont été enfants, jeunes gens et adultes avant de devenir des personnes âgées. Et qu’ils ont le droit d’être des vieux fiers et heureux. »
(...) Quand on parle de vieillesse, de dépendance, de santé, on touche du doigt à quel point tous les combats sont liés, dès lors qu’on vise à remettre l’humain en priorité. Il faut en parler. Même si ça dérange, même si ce n’est pas aisé, même si c’est inconfortable tant c’est un sujet qui renvoie chacun à son propre vieillissement, à sa propre culpabilité envers les siens, aussi, souvent.
Personne n’a envie de vieillir. Et pourtant, cela va tous nous arriver. Aujourd’hui, près d’un Français sur cinq a plus de 65 ans. En 2050, un habitant sur trois sera âgé de plus de 60 ans, contre un sur cinq en 2005. L’espérance de vie s’allonge certes, on meurt moins, mais on meurt mal. L’espérance de vie en bonne santé a commencé à diminuer. Et seulement 20 % de ceux qui en auraient besoin ont accès à des soins palliatifs en France. (...)
Les politiques d’austérité privent la collectivité de ressources indispensables pour prendre en charge décemment ses anciens. Les supermarchés et les banques viennent grignoter ce qu’il reste d’espaces où se retrouver, de lieux de vie communs. Le mobilier urbain ne conçoit plus les bancs publics que de manière à en éloigner les SDF en oubliant qu’on doit encore pouvoir s’y bécoter à tout âge.
Les parlementaires refusent d’autoriser pleinement le droit à mourir dans la dignité avec un cadre législatif adapté. Sous l’influence des lobbies pharmaceutiques, les dépenses de santé curative ne cessent d’exploser, alors que la médecine de prévention et palliative peinent à se développer. Vivre plus longtemps, à tout prix, sans se soucier de la qualité de vie durant ces années gagnées... Où est le progrès ?
Il y a des dépenses à réorienter, des dispositifs d’accompagnement à domicile à trouver, des initiatives à soutenir de co-habitat générationnel comme le fait chez nous avec beaucoup d’intelligence et de respect l’association AIDER.
Et de manière générale, des combats à mener pour créer des emplois qualifiés dans les services à la personne, pour qu’il existe encore des services publics dans les zones reculées : des hôpitaux où se faire soigner, des gares pour que vos petits-enfants puissent venir vous voir, des postes pour envoyer les colis aux amis éloignés. Pour réduire les pesticides, la pollution aux particules fines, les perturbateurs endocriniens qui causent des maladies qu’on pourrait éviter. (...)
Se battre pour que les plus précaires disposent d’une alimentation saine et d’un toit chauffé, que les retraites ne soient pas dépendantes d’un régime complémentaire que la plupart n’ont pas de quoi payer, que les soins de base soient universellement couverts au nom d’une humanité partagée.
Que le droit à le retraite prenne mieux en compte la pénibilité, qu’on conserve le droit de se reposer le dimanche... Bref qu’on ne finisse pas tous déglingués au-delà de la dégénérescence immuable du vieillissement. Inutile d’en rajouter.
Voilà le sens du combat politique, que chacun dispose d’un cadre de vie lui permettant de jouir de jours heureux (...)