
« Si le monde était beau, c’est que notre économie serait en panne. » L’écrivain et scénariste de bande dessinée Jean-Luc Coudray a le sens de la formule. Néanmoins, son nouvel ouvrage, Guide philosophique des déchets, recèle dans ses maximes incisives une lucide analyse de notre société : nous vivons dans une « culture du déchet ».
La force du Guide philosophique des déchets consiste à replacer les déchets dans un système économique global. Contrairement à ce que les images effrayantes des « mers de plastique » et des dégâts de la pollution pourraient laisser croire, les déchets humains n’ont rien d’accidentel : ils découlent du modèle économico-industriel imposé par l’homme à la planète. Or, la production infinie de déchets sur un monde fini est absurde. En conséquence, il faut penser le déchet comme partie intégrante de l’économie. Autrement dit : la société industrielle produit industriellement du déchet, et ce dernier assure une utilité commerciale, valorisée par la publicité intempestive. « On s’aperçoit que la mondialisation est finie quand il est impossible de salir ailleurs chez nous », écrit-il avec un humour mordant.
Un nouvel aperçu du modèle économique conquérant à travers le prisme des déchets (...)