
Posons-nous quelques questions.
Pourquoi, par exemple, l’homme ne sait-il pas arrêter ses centrales nucléaires lorsqu’elles échappent à son contrôle ?
Pourquoi, dans le monde du travail, se proclame-t-il toujours "acteur" mais jamais "responsable" quand survient un accident ?
Pourquoi laisse-t-il les robots-traders faire la loi à Wall Street et sur l’ensemble de l’économie mondiale ?
Pourquoi le système technicien est-il fondamentalement productiviste, donc générateur de prolétarisation et d’inégalités (quand la spéculation financière ne l’est que secondairement) ?
Comment - parce qu’il ne reconnaît pas cet enchaînement causal - l’homme occidental menace-t-il les fondements de la démocratie (ce qui fait le lit du fondamentalisme religieux) en même temps qu’il détruit l’équilibre écologique de toute sa planète ?
Pourquoi cet homme, qui ne jure d’habitude que par les libertés, se laisse-t-il localiser passivement par les radars, les caméras de surveillance, les systèmes GPS et autres techno brothers ?
Pourquoi s’apprête-t-il à introduire des nanocapteurs (objets dits "intelligents") dans son organisme en leur donnant carte blanche ?
Pourquoi confie-t-il de plus en plus de responsabilités à des automates, au point de devoir "communiquer" avec eux bientôt plus qu’avec ses semblables ?
Pourquoi, via internet, cherche-t-il à "se faire des centaines d’amis" qu’il n’a jamais vus et ne verra jamais ? Pourquoi y exhibe-t-il de plus en plus son intimité ?
A-t-il donc quitté le terrain de l’humanité pour celui d’une post-humanité, élaborée en fonction de ses moyens, qu’il érige désormais en finalités ? En est-il devenu, à son insu, leur "serviteur volontaire" ? Leur est-il aliéné ? (...)