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Inflation : le Royaume-Uni à deux doigts de l’explosion sociale
Article mis en ligne le 4 juillet 2022

Le Royaume-Uni est actuellement confronté au taux d’inflation le plus important qu’il ait connu depuis 1981. Celui-ci a en effet atteint 9% en mai, alors qu’il n’était que de 2,1% en 2021, un chiffre qui devrait encore augmenter d’ici à la fin de l’année. En parallèle, la croissance du pays stagne. Les prix de l’essence, du logement mais aussi de la nourriture atteignent des sommets, provoquant depuis plusieurs mois une importante crise du coût de la vie.

D’après Fiona Simpkins, maîtresse de conférence en civilisation britannique à l’université Lumière-Lyon-2, il s’agit de la crise sociale et économique la plus importante que le pays ait connu depuis les années 1950 : « Les plus modestes sont touchés, mais pas seulement. Le fait que 40% des foyers soient touchés par la précarité énergétique démontre bien l’aspect inédit de la situation. »
Une économie sur le fil

D’après la spécialiste, cette situation est notamment imputable aux retombées économiques de la guerre en Ukraine, qui touchent une économie déjà fragilisée par deux années de crise sanitaire :

Cette situation intervient alors même que les conséquences du Brexit commencent à se faire sentir de manière plus tangible sur l’économie. D’après le Centre for European Reform, le produit national brut (PIB) a chuté de 5,2% depuis la sortie effective du Royaume-Uni de l’Union européenne en janvier 2020 et, ces derniers mois, le prix des denrées alimentaires a bondi de 8,3%, d’après l’organisme Resolution Foundation. Un cataclysme pour les foyers les plus modestes, « déjà fragilisés par les politiques d’austérité menées depuis 2010 par les gouvernements conservateurs », précise Fiona Simpkins.

« En mai 2022, le nombre de personnes expulsées de leur logement a augmenté de 41% par rapport au mois de mai 2020. » (...)

Pour pallier l’augmentation des prix, les banques alimentaires, qui ont constaté une augmentation de 33% du nombre de colis d’urgence délivrés pour trois jours, tentent de faire front. (...)

Les étudiants, mais aussi des personnes qui travaillent à plein temps doivent désormais compter sur les distributions alimentaires, leurs salaires étant insuffisants pour faire face à l’explosion du coût de la vie. »

Conséquence, beaucoup ne peuvent plus non plus payer leur loyer : (...)

Pour David Fée, ces inégalités résultent de la mondialisation des marchés et des changements technologiques, amorcés à la fin des années 1970. Communs à tous les pays occidentaux, ces bouleversements qui ont conduit à la délocalisation ou à la disparition de nombreux emplois peu qualifiés ont heurté plus durement les foyers britanniques, les politiques redistributives étant moins importantes au Royaume-Uni qu’ailleurs en Europe.

Et d’après le spécialiste, la transition néolibérale amorcée dans les années 1970 par le parti conservateur de Margaret Thatcher a creusé son sillon jusqu’à aujourd’hui (...)

La riposte syndicale s’organise

Malgré le dernier plan d’aides de 15 milliards de livres (17 milliards d’euros), voté en mai par le gouvernement Johnson pour couvrir les récentes hausses du prix de l’énergie et de l’alimentation, la grogne des syndicats monte, renforcée par la volonté du gouvernement de supprimer 90.000 postes du secteur public.

Le 18 juin, des milliers de personnes ont répondu à l’appel du Trades Union Congress, première force syndicale du pays, à manifester dans les rues de Londres. Et depuis plusieurs semaines, des grèves ont lieu dans différents secteurs d’activités, dont le réseau de transports de la capitale, les chemins de fer ou, plus récemment, la compagnie aérienne British Airlines. (...)

Les syndicats du système de santé publique, de la restauration ou encore de l’enseignement ont eux aussi menacé de faire grève pour demander des augmentations de salaire. Mais fin juin, le gouvernement refusait les négociations et l’opinion publique demeurait divisée au sujet des grèves.

Le gouvernement ne négocie pas avec les syndicalistes (...)

Mais contrairement aux années 1970, le Parti travailliste, allié historique des actions syndicales, ne s’est pas prononcé en faveur des grèves (...)

En attendant, les banques alimentaires sont au bord de l’explosion. (...)