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Info LCI : la pollution de Lubrizol n’est pas plus dangereuse qu’une exposition au soleil
.Samuel Gontier
Article mis en ligne le 1er octobre 2019

Après l’avoir snobée jeudi dernier, TF1 et LCI se préoccupent enfin de la santé des habitants touchés par la pollution de l’usine Lubrizol. Précisément, de leur santé mentale. Car, selon le spécialiste météo, le nuage de pollution s’est dissipé sitôt passé les grilles de l’usine. D’autres experts soutiennent que la “pédagogie” suffira à guérir de maux fantasmés. Rassurant, non ?

« A Rouen, la confusion chez les agriculteurs, annonce Anne-Claire Coudray. Ils ne peuvent plus vendre leur production. » La « confusion », vraiment ? J’aurais plutôt parié sur la colère ou la consternation. Foin de mauvais esprit, saluons l’effort du 20 heures de TF1 qui, ce dimanche, consacre trois sujets à la catastrophe industrielle, sanitaire et environnementale provoquée par l’incendie de l’usine Lubrizol, à Rouen. Son souci contraste avec l’omerta pratiquée jeudi dernier. (...)

Le premier reportage rend visite à un maraîcher qui ne peut plus commercialiser ses légumes cultivés en plein air, puis à un éleveur qui a eu la chance d’ensiler son maïs fourrager avant le passage du nuage, ce qui lui permet de « donner de la nourriture saine » à ses vaches. La bâche qui protège l’ensilage, elle, est toujours souillée. Malgré la pluie, « ça ne se lave pas, ce sont des corps gras donc ça reste accroché », explique-t-il. Enfin, une agricultrice témoigne avoir fait elle-même procéder à des prélèvements sous contrôle d’huissier pour réaliser des analyses parce que « les tests officiels ont été très longs à se mettre en place. Le préfet nous a dit qu’il n’y avait rien de dramatique mais qu’il fallait confiner nos enfants »… (...)

Le deuxième reportage, infiniment rassurant, est consacré à la réouverture des établissements scolaires. Un reporter se rend dans l’école primaire de Quincampoix, où le maire raconte : « Toutes les tables étaient recouvertes d’une suie grasse. » Il a donc fait nettoyer l’école dès jeudi soir. « Le rectorat se veut rassurant, poursuit le journaliste. Aucun risque ne sera pris. » La parole est à la rectrice, qui promet que « le nettoyage a été bien réalisé ». « Finalement, tous les établissements scolaires seront ouverts demain, informe le reporter. Mais certains parents refusent de laisser leurs enfants à l’école tant que de nouvelles analyses ne seront pas publiées. » C’est totalement irrationnel. Un père d’élève soumis à ses pulsions mortifères témoigne : « On est à 670 mètres de l’usine, je ne comprends pas qu’on puisse rouvrir l’école. » (...)

Ce lundi matin, ces craintes insensées sont confirmées. Dans plusieurs établissements, les enseignants ont fait valoir leur droit de retrait, rapporte France Bleu Normandie. Un internaute relaie les propos d’une professeure : « Ça pue dans les locaux. On a mal à la tête. Les enfant défilent à l’infirmerie. Ils ont mal à la tête mal au ventre. » « J’étais en cours de sport ce matin et plusieurs élèves ont commencé à avoir mal à la tête et au ventre, raconte un collégien. On est allé à l’infirmerie et on a vu qu’il y avait du monde. Ils appelaient leurs parents. » (...)

La pédagogie, voilà l’antidote le plus efficace aux polluants chimiques. « Il faut quand même savoir que ce type d’accident industriel a diminué par trois ou par quatre depuis vingt ans. » Souvenez-vous : à l’époque, une usine classée Seveso 2 brûlait tous les six mois. « On n’est pas dans des situations telles qu’on a pu les connaître il y a vingt ou trente ans. » Aujourd’hui, les autorités informent avec bien plus de rigueur qu’au moment où le nuage de Tchernobyl s’était arrêté à nos frontières. (...)

« On est dans un monde où les gens ne croient pas à la parole des experts, des politiques, des administrations, se désole l’éditorialiste Marie-Eve Malouines. Et sur les réseaux sociaux, il y a tout un tas de catastrophistes qui vont entretenir l’inquiétude des gens. » Maudits réseaux sociaux ! Par exemple, c’est par eux que j’ai appris le droit de retrait invoqué par des enseignants. Que j’ai découvert les photos et les vidéos, certainement truquées, postées par des dizaines d’internautes catastrophistes et montrant l’eau du robinet extrêmement polluée. (...)

Marie-Eve Malouines rappelle : « On l’a vu sur Notre-Dame-de-paris où des gens disaient “C’est scandaleux ce qui s’est passé”. » Et où Mediapart publiait une enquête qui le prouvait. « Et, en réalité, maintenant ça s’est largement tassé. » La preuve : personne n’en parle plus à la télé. « On dit il y a du plomb autour de Notre-Dame mais du plomb il y en a en permanence dans l’air par les voitures. » Hum… C’est étrange : voilà vingt ans que le plomb n’est plus autorisé dans les carburants. Jean-Marie Le Guen insiste sur la nécessité de la prévention : « Il faudrait d’ailleurs dire aux gens que s’exposer au soleil et fumer, c’est infiniment plus dangereux. » Sauf que les gens ont le choix ou non de fumer, de s’exposer au soleil… Un grand bravo aux très pédagogiques experts de LCI pour leurs leçons de toxicologie.