
Dans l’imaginaire collectif, les informaticiens forment une élite privilégiée. Pourtant, derrière l’écran, l’épanouissement que vantent les directions des ressources humaines n’est bien souvent qu’un mythe masquant une atteinte au droit du travail.
(...) A partir de 1990, le monde industriel se réorganise en généralisant la sous-traitance. L’« infogérance » s’impose alors et promeut l’externalisation des services de l’entreprise vers des prestataires spécialisés. La réduction des coûts devient une obsession.
Renvoyé à un rôle d’agent de production derrière son écran, l’informaticien subit le nouveau modèle social imposé par les SSII. Ses conditions de travail se dégradent et s’éloignent de ce que lui faisait miroiter le discours dispensé dans les écoles d’ingénieurs. (...)
Naguère, l’ingénieur construisait les barrages et les ponts. Aujourd’hui, assis derrière son ordinateur, il développe des projets dont il ne maîtrise pas toujours les tenants et les aboutissants. « Le métier d’ingénieur en SSII est dévoyé, analyse François. Il se résume à de basses œuvres techniques, souvent répétitives, prisonnières d’un carcan documentaire et démotivantes, car on n’a aucun pouvoir de décision. » Au-delà de l’aspect technique, « il y a une grande désillusion par rapport au management, poursuit M. Le Pape. Le manager devait être un modèle, un visionnaire. En réalité, il a un discours méprisant envers nous, et pleutre envers la hiérarchie. Il n’a pas de jugement et ne fait qu’appliquer les ordres ».
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Avec 2 % de syndicalisation, la mobilisation du secteur reste encore à inventer. Et il y a urgence : le Syntec numérique, une branche affiliée au Mouvement des entreprises de France (Medef), cherche désormais à instituer un licenciement pour « inadaptation aux conditions du marché »
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