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le Monde Diplomatique
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Article mis en ligne le 8 juillet 2021

Cible des autorités algériennes et marocaines, qui n’hésitent pas à instrumentaliser la justice pour les museler, les journalistes sont en première ligne dans la lutte pour la démocratisation de leurs pays. Au Maroc, deux procès illustrent cet affrontement. En Tunisie, malgré la révolution de janvier 2011 et la fin de la censure instaurée par l’ancien régime, le paysage médiatique peine à se structurer.

Au bout du fil, à Alger, la voix est calme, le ton résolu. Khaled Drareni, directeur du site Casbah Tribune, impressionne par sa sérénité. Condamné en appel, en septembre 2020, à deux ans de prison ferme pour « atteinte à l’unité nationale » et « appel à attroupement non armé », libéré le 19 février 2021 après onze mois à la prison de Koléa, celui qui est aussi collaborateur de TV5 Monde est devenu en l’espace d’une année le symbole de la lutte pour les libertés publiques dans son pays et au-delà. Fin mars, la Cour suprême a cassé sa condamnation et demandé l’organisation d’un nouveau procès. Le troisième pour Drareni, à qui le régime ne pardonne pas sa couverture intensive du Hirak, le mouvement populaire qui secoue l’Algérie depuis le 16 février 2019.

Mais le climat n’est plus celui du début du mouvement. L’Algérie traverse même « l’une des pires périodes de son histoire » en matière de liberté de la presse, affirme Drareni : « Entre confrères, on se disait souvent : “Le déclin de la presse a commencé avec Abdelaziz Bouteflika en 1999.” Mais aujourd’hui, la situation s’aggrave. Saïd Boudour, Sofiane Marrakchi, Mustapha Bendjama… On ne compte plus les journalistes poursuivis et emprisonnés par le pouvoir pour n’avoir fait que leur travail. »

Ce verrouillage s’est encore manifesté lors des élections législatives anticipées du 12 juin 2021, marquées par une abstention massive (77 %). (...)

Le 18 mai, El-Kadi, très critique sur l’action politique du président Abdelmadjid Tebboune, s’était déjà vu notifier par un juge une interdiction de quitter le pays à la suite de son placement sous contrôle judiciaire. Drareni et lui ont publié chacun un texte pour dénoncer leur interpellation. (...)