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France3
Interdiction du port de l’abaya : "nous n’avons pas à faire la police du vêtement", s’indignent des professeurs
#educationnationale #vêtements #abaya
Article mis en ligne le 6 septembre 2023

Un collectif de professeurs et personnels de l’éducation du lycée Maurice Utrillo de Stains en Seine-Saint-Denis appelle à un mouvement de grève à partir de mercredi. En cause, l’interdiction du port de l’abaya au lycée et le manque de moyens pour assurer la rentrée dans cet établissement.

"Ce matin, ils ont embêté une gamine. Le référent laïcité a décidé que ce qu’elle portait, n’était pas convenable. Je ne comprends pas... Alors que ce qui compte pour cette rentrée concernant l’accueil des élèves, ( ... ) c’est que les conditions d’enseignements soient décentes".

Benoît Del Torchio, professeur SVT au lycée Maurice Utrillo à Stains en Seine-Saint-Denis ne décolère pas. Pour lui et pour d’autres professeurs, conseillers principaux ou assistants d’éducation de ce lycée, la note de service envoyée par Gabriel Attal, le ministre de l’Education nationale, interdisant le port de l’abaya, cette robe longue portée par certaines femmes de confession musulmane, passe plutôt mal.

"Nous ne sommes pas dupes ! Il est clair que la politique islamophobe lancée par le gouvernement (...) cherche à cacher les attaques qui sont faites contre le système d’éducation", peut-on lire dans un tract rédigé par un collectif d’enseignants et personnels de l’éducation de ce lycée polyvalent de 1200 élèves.

Derrière la polémique sur l’abaya, Benoît Del Torchio déplore avant tout lors de cette nouvelle rentrée, "les postes non pourvus : celui d’une infirmière, un poste de CPE en moins, des heures d’enseignements perdues, l’explosion des classes pro de seconde ( ...), toujours moins de personnels encadrants et toujours autant d’élèves".

Mercredi, lui et certains de ses collègues, appellent à une grève des personnels dans l’établissement. (...)

L’appel à la grève dans ce lycée est largement soutenu et relayé par le SNES-FSU de Seine-Saint-Denis, le syndicat d’enseignement du second degré. Avec cette note, "on met en place une laïcité de l’exclusion", dénonce Grégory Thuizat, cosecrétaire départemental du SNES-FSU 93. "On a un système scolaire inégalitaire, et on va rajouter une inégalité et un arbitraire de plus à l’entrée des établissements en raison de la religion supposée de telle ou telle élève à qui on va interdire l’accès d’un établissement", déplore le représentant syndical qui estime que la note risque de créer "des humiliations supplémentaires pour des élèves renvoyés chez eux". (...)

L’interdiction du port de l’abaya et du qamis, version masculine de l’abaya, a fait l’objet d’un référé-liberté devant le Conseil d’Etat, une requête déposée par l’association francilienne Action Droits des Musulmans.

Lire aussi :

 Déclaration de la coordination des espaces de la France insoumise

(...) nous dénonçons avec force l’opération de division islamophobe engagée par le gouvernement à propos du port de robe longue (abaya) dans les établissements scolaires. Si nous comprenons le besoin exprimé par des directeurs d’établissement d’une règle claire à ce propos, nous affirmons que la décision du ministre Attal va au contraire créer des situations plus complexes et se traduire par des décisions à géométrie variable en fonction de la religion supposée de l’élève en question. Fidèle à la loi de 1905, nous rappelons qu’il n’est pas du pouvoir du ministre de l’éducation nationale de décider du caractère religieux d’une tenue. L’État ne s’ingère pas dans l’organisation des cultes, il les soumet tout simplement au respect de la loi qui s’applique à tous. Nous dénonçons la volonté de manifester à travers les interdits de vêtements sous prétexte religieux une volonté sexiste de contrôle du corps des femmes. L’État n’a pas à imiter les intégristes religieux.

Cette polémique est aussi une grossière opération visant à détourner le regard des problèmes posés au pays. L’inflation frappe aussi les carburants, l’énergie et les prix alimentaires. Ces derniers ont augmenté de plus de 21% en deux ans. Dans la même période, les marges de l’industrie agroalimentaire ont progressé de plus de 70%. Cette augmentation constitue aujourd’hui la première cause de l’augmentation des prix. A l’échelle mondiale, le Fond Monétaire Internationale (FMI) rappelle que l’augmentation des profits des entreprises est responsable de la moitié de la hausse des prix. Pendant que de plus en plus de Français souffrent des conséquences de l’inflation, une petite minorité en profite pour s’enrichir sans complexe. Les privations qui s’accumulent pour le peuple sont en fait des profits accumulés par les grandes fortunes du pays. C’est insupportable.

Ce dimanche, le président des « Restos du cœur » a tiré la sonnette d’alarme et lancé un appel aux formations politiques pour un plan d’urgence alimentaire. Nous avons répondu immédiatement favorablement à sa proposition. (...)