
Du fait de sa connaissance des outils de contrôle, nous l’avons questionné à propos de la politique numérique lilloise : la banalisation des moyens de surveillance, Internet des objets ou capteurs, attaqueraient notre libre arbitre.
(...) Pour lui, des parallèles doivent être faits entre la lutte contre le terrorisme, les mesures contre la « crise », et l’action des écologistes dans la mise au pas des populations. Pour preuves, Edward Snowden nous rend compte des écoutes d’Euratechnologies, Sandrine Rousseau ou Éric Quiquet. Révélations. (...)
Vous savez, je n’ai fait que ce qui devait être fait. Je ne suis pas un héros, juste un déserteur. Le « système », comme on dit, qu’il soit économique ou policier, tient pour une part sur des gens qui ne font que leur travail. Des gens qui ne font que mettre au point des alliages de métaux qui deviendront plus tard des engins atomiques ; qui ne font qu’un morceau d’algorithme qui analysera les conversations privées de la planète. Personne ne se sent responsable de rien. Or l’histoire du XX° siècle a montré que cette division des tâches, ce morcellement du travail peut conduire à des horreurs sans que personne ou presque n’en réalise la portée.
Moi, je ne pouvais plus participer à la barbarie. (...)
les restrictions aux écoutes sont politiques et non techniques, elles peuvent changer à tout moment. Avec la carte Pass-Pass dans les transports en commun, ou votre future « carte de vie quotidienne », c’est pareil. Le jour où la métropole, les grandes surfaces, la police ou l’entreprise de transports a besoin de savoir qui travaille où, consomme quoi, se déplace à quel moment pour y faire quoi, etc, ils le feront. De toutes façons, c’est déjà leur projet. En matière de respect des individus, les lignes rouges qu’on veut bien se donner finissent toujours par être franchies.
La seconde raison, et la plus importante, c’est que transformer les gens en numéros dissout toute humanité dans un stock, une quantité, une abstraction que l’on traite sans empathie aucune. (...)