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OrientXXI
Iran. Néolibéralisme, corruption et embargo
Article mis en ligne le 2 avril 2019
dernière modification le 31 mars 2019

Alors que la révolution islamique vient de commémorer son quarantième anniversaire, les Iraniens subissent de plein fouet l’embargo international dont les effets s’ajoutent à la politique libérale conduite par les gouvernements successifs depuis vingt-cinq ans.

Depuis la décision en mai 2018 du président des États-Unis Donald Trump de sortir de l’accord de Vienne sur le programme nucléaire iranien, le rial a perdu 300 % de sa valeur par rapport au dollar. Le gouvernement prétend maîtriser la situation et assure avoir évité un tsunami des prix, mais d’après les chiffres officiels, l’inflation a atteint 50 % en moins d’une année. Certes, les magasins sont pleins, les prix du pain et de l’essence sont restés stables, mais ceux du poulet et de la viande ont doublé. Ces difficultés donnent lieu à des manifestations sporadiques contre la hausse des prix, le non-paiement des salaires ou la corruption qui gangrène l’appareil d’État. Le régime laisse s’exprimer ces timides protestations et s’en sert même comme caution démocratique tant qu’elles ne mettent pas en danger le régime.
L’ombre du FMI

Les réformes néolibérales entamées durant le second mandat (1993-1997) du président Hachemi Rafsanjani ont complètement remodelé le visage du pays. Tandis qu’aux premiers temps de la révolution (1979), les signes extérieurs de richesse se trouvaient diabolisés, aujourd’hui, l’argent a tout envahi, corrompant les valeurs morales, envahissant les mœurs et la vie quotidienne des Iraniens. (...)

Téhéran pratique un néolibéralisme selon les dogmes FMI de la libre circulation des capitaux. La diaspora iranienne aux États-Unis en profite largement. Dans un contexte d’embargo très strict imposé par le président Trump, ses membres ne rencontrent aucune difficulté pour vendre leurs biens en Iran et rapatrier l’argent vers leur lieu de résidence. Ceux qui sont proches du pouvoir et connaissent les dates prévisionnelles de dévaluation de la monnaie locale se lancent ainsi dans des transactions juteuses. (...)

Les Iraniens connaissent la force, l’efficacité et la violence du système répressif et les exemples des chaos irakien et syrien ne les encouragent pas à descendre en masse dans les rues. En outre, la contestation populaire est parasitée par les pressions américaines et le contexte géopolitique régional.
L’ubérisation est en marche (...)

Dans un pays où le taux de chômage des jeunes de 19 à 29 ans atteint 25,5 %2, la précarisation s’étend. L’Iran forme deux fois plus d’ingénieurs que la France, mais ceux-ci ne trouvent pas de travail dans leur domaine de compétence. Ceux qui ont les moyens quittent le pays, les autres exercent un métier sans aucun rapport avec leur formation initiale. Dans les cafés branchés qui ont envahi le centre de Téhéran, on croise quantités de jeunes formés à bac + 5, reconvertis dans la restauration.

Une géopolitique bouleversée (...)