
Depuis quelques jours, une opération militaire israélienne de grande ampleur est en cours en Cisjordanie, avec pour objectif affiché de retrouver les trois jeunes colons israéliens enlevés dans la région d’Hébron le 12 juin 2014. Même si elle ne fait pas les gros titres, cette intervention donne toutefois lieu à quelques reportages et éditoriaux, dont celui, le 17 juin, d’Olivier Ravanello, « spécialiste des questions internationales » sur i>Télé [1]. Un véritable modèle du genre, qui donne à voir – en à peine quatre minutes – à quel point les « experts » des « questions internationales », qui aiment s’écouter gloser sur tout et n’importe quoi, peuvent multiplier les erreurs, imprécisions, et raccourcis, quitte à sacrifier l’information sur l’autel de leur statut de « spécialiste » autoproclamé.
Démarrage en fanfare
Dès le début de sa chronique, Olivier Ravanello fait montre de sa grande connaissance des territoires palestiniens et de leur histoire récente : « 2500 hommes sont sur le terrain, c’est la plus grosse opération militaire au sol engagée en Cisjordanie par Tsahal depuis 2005, depuis la seconde intifada et cette opération Rempart ».
Dès le début de la chronique, il y a comme un souci. La « seconde intifada » date de 2000 et non de 2005. Ou alors peut-être que cette date correspond, dans l’esprit de notre chroniqueur, à l’opération « Rempart ». Mais dans ce cas c’est là aussi raté, puisqu’elle a été déclenchée en mars… 2002.
Et Ravanello poursuit : « En 2005 [2002, donc] Israël avait quasiment ratissé toutes les villes de Cisjordanie, avait passé au peigne fin maison après maison pour éradiquer les groupes armés liés au Hamas qui avaient mené une vague d’attentats […] ».
Le « peigne fin » n’est probablement pas la meilleure expression pour évoquer l’opération Rempart. Rappelons que celle-ci a entraîné la mort de dizaines de civils palestiniens et s’est traduite par un recours massif aux bulldozers blindés israéliens, avec notamment des quartiers entiers rasés dans le camp de réfugiés de Jénine. Amnesty International estimait alors que « certaines actions commises par les FDI [Forces de Défense Israéliennes] dans le cadre de l’opération Rempart constituaient des crimes de guerre. […] Il s’agit notamment d’homicides illégaux, d’actes de torture et de mauvais traitements sur la personne de prisonniers, de destruction injustifiée de centaines d’habitations alors que, dans certains cas, les résidents se trouvaient encore à l’intérieur, du blocage des ambulances et de la privation d’aide humanitaire, ainsi que de l’utilisation de civils palestiniens comme boucliers humains ». Non, le peigne n’était décidément pas très fin.
« Mahmoud Barghouthi »
Puis, Olivier Ravanello précise que l’opération Rempart visait aussi à « éradiquer les groupes [armés] liés au Fatah, il y avait notamment les Tanzim qui étaient dirigés à l’époque par l’étoile montante du Fatah, Mahmoud Barghouthi ».
Dans la précipitation, Ravanello semble ne pas avoir bien relu sa fiche puisque le prénom du Barghouthi évoqué ici est Marwan et non Mahmoud comme il le suggère… [2] Embarrassant quand on se présente comme « spécialiste des questions internationales » et que l’on parle de l’une des principales figures de la vie politique palestinienne… (...)