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le Monde Diplomatique
J’ai eu la joie d’être attaqué, souvent assez violemment, par tous les grands journalistes français, expliquait Pierre Bourdieu
Pierre RimbertJanvier 2012 Deux cours inédits de Pierre Bourdieu au Collège de France A cent contre un
Article mis en ligne le 5 février 2018

(...) Parce que ces gens qui se croient des sujets n’ont pas supporté de découvrir qu’ils étaient des marionnettes (1). » Dix ans après la disparition du sociologue français le plus cité dans le monde, le temps et le repositionnement idéologique des éditorialistes ont gommé le souvenir des batailles et l’identité des protagonistes. La « mondialisation heureuse » ne se chante plus qu’à mi-voix, la déploration des inégalités mobilise jusqu’à certains banquiers, et l’on relit avec curiosité les assauts portés contre l’auteur de La Misère du monde.

Ses torts furent d’engager les acquis de sa discipline dans les luttes qui marquèrent le renouveau de la critique sociale dans la seconde moitié des années 1990 ; d’opposer une « gauche de gauche » aux gouvernements sociaux-libéraux majoritaires en Europe à la fin du siècle dernier ; de lancer avec succès — et avant les autres — une collection de petits ouvrages bon marché proposant au grand public des outils intellectuels de « résistance à l’invasion néolibérale » (les éditions Raisons d’agir). Enfin, il commit l’hérésie suprême de « rappeler à la prudence les essayistes bavards et incompétents qui occupent à longueur de temps les journaux, les radios et les télévisions (2) ». Ces derniers dressèrent donc un bûcher.

Le philosophe Alain Finkielkraut l’accusa de conduire une « critique totalitaire » (France Culture, 15 juillet 1999), et le directeur de la rédaction du Monde, Edwy Plenel, condamna sa « vision schématique de l’univers médiatique » (Le Monde diplomatique, février 1998) ; l’écrivain Philippe Sollers le jugea « stalinien typique » et « mauvais écrivain » (L’Année du Tigre, Seuil, Paris, 1999). (...)

Certains détracteurs (et les journaux qui les publient) se glisseront-ils à la faveur de l’oubli dans le chœur des hommages au chercheur ?