Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Le Point
"J’étais parmi les cadavres" : après un massacre en Centrafrique, un survivant témoigne
Article mis en ligne le 20 août 2017

Jonas Ngobo, de la Croix-Rouge centrafricaine, a survécu à un massacre dans le sud-est de la Centrafrique, région isolée qui subit une flambée de violences depuis début mai, avec pour conséquence des milliers de réfugiés en RDC voisine.

Jonas Ngobo, 54 ans, a vu mourir plusieurs de ses collègues humanitaires dans la tuerie du 5 août à Gambo à environ 450 km à l’est de la capitale Bangui. Six au total, selon le bilan du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) publié le 9 août.

A un correspondant de l’AFP, il raconte cet épisode de violences envers les civils, emblématique du conflit entre groupes armés de l’ex-Séléka, prétendant défendre les musulmans, et anti-balaka, majoritairement chrétiens. La guerre porte aussi sur le contrôle des ressources naturelles, explique un récent rapport du think tank américain Enough Project.

A Gambo, la tuerie a commencé vers midi quand des ex-Séléka ont voulu reprendre la ville à des anti-balaka, après l’arrivée d’un contingent marocain de la Mission des Nations unies (Minusca), se souvient M. Ngobo qui travaillait au dispensaire.

"Tout le monde pensait que l’hôpital était le refuge. Les gens se sont agglutinés en pensant qu’ils étaient sous protection de la Croix-Rouge", raconte cet homme aux traits tirés rencontré lundi dans le village de Loungougba où il s’est réfugié après les combats, à 50 km vers l’est en direction de Bangassou.

"En arrivant, un des Séléka a pris son couteau pour déchirer le drapeau de la Croix-Rouge. Avec des armes, avec des machettes, ils ont égorgé des gens. Ils ont attaqué à l’intérieur, à l’extérieur, dans tous les bureaux. Ils ont cassé toutes les portes", poursuit l’ancien "major" (responsable d’un pavillon du dispensaire).

"Ils ont continué jusqu’à 16h00 avant se replier. On a retrouvé des morts et des blessés en ville. Le soir, la ville était déserte. Tout le monde a fui en brousse", selon M. Ngobo.

Il ajoute avoir été "pris en otage (par les assaillants) dans leur base pour soigner leurs blessés durant cinq heures". "Après, ils m’ont ramené à l’hôpital et m’ont dit de ne pas bouger. J’étais parmi les cadavres et les blessés". (...)

Ils sont des "milliers dans des zones reculées de la RDC où très peu d’acteurs humanitaires sont présents", s’est inquiété mercredi le Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés dans un communiqué. (...)

"Le dernier grand mouvement a été signalé par les autorités dans la ville (congolaise) de Yakoma, où plus de 10.000 individus sont arrivés depuis la semaine dernière. Ils ont fui l’insécurité à Bema, situé en face de la ville congolaise de Yakoma", détaille le HCR.