
Le journaliste et député de la France insoumise François Ruffin a dévoilé vendredi soir à Grenoble « J’veux du soleil », son nouveau documentaire dans lequel il tend le micro à la « France des ronds-points ». Il sortira début avril dans le but de remobiliser un mouvement qui s’étiole.
François Ruffin a présenté vendredi soir pour la première fois, dans un cinéma indépendant grenoblois plein comme un œuf, la version brute de J’veux du soleil !, son nouveau documentaire. Trois ans après le phénomène Merci Patron, son brûlot césarisé sur Bernard Arnault, le journaliste, devenu député France insoumise de la Somme, s’est associé au réalisateur Gilles Perret (La Sociale, L’Insoumis) pour partir en décembre dernier à la rencontre des gilets jaunes : une tournée de huit jours des ronds-points occupés de France.
« C’est n’est pas un film sur le mouvement des gilets jaunes, mais bien sûr ceux qui ont revêtu ce gilet. Ils ont des choses profondes à dire. Portés par cette accélération de l’histoire, ils le font en toute liberté alors qu’ils ne le faisaient jusqu’ici que dans la honte, l’anonymat », précise Ruffin. D’Amiens à Marseille, la caméra de Perret a capté, bruts de décoffrage, les témoignages de ces Français plongés dans la précarité, la pauvreté, l’exclusion, le désespoir. (...)
ils livrent à Ruffin, avec dignité et émotion, leur détresse et leur quotidien de misère. Les femmes, les plus directes, sont bouleversantes. (...)
Caillou dans la chaussure
Ruffin écoute, encaisse et politise : « Fini d’avoir honte, c’est le moment de leur faire honte, à eux ! » Au fil des rencontres, Perret et Ruffin affinent leur feuille de route : montrer la beauté de ces hommes et de ces femmes, leur rendre leur dignité. Ils captent aussi l’espoir, les sourires, la fierté des gilets jaunes en mouvement. (...)
En contrepoint, les extraits des discours de Macron distillés dans le film font ricaner, puis très vite rugir de colère la salle grenobloise. Dans le débat dense qui suit la projection, Ruffin le reconnaît : il espère que ce film « marquera l’héritage » de Macron, dont « la politique, plus que classiste, relève du racisme social. J’ai comme fonction d’être un scrupule, un petit caillou dans sa chaussure », juge-t-il. L’essentiel est ailleurs, enchaine-t-il pourtant très vite : « J’espère que notre film fera bouger. Il apporte de la joie, de la colère, de l’émotion, mais dégage-t-il de l’énergie, pour qu’on aille la porter dehors, dans la rue, pour qu’il se passe quelque chose ? C’est un bélier, à vous de vous en saisir, de le porter ». (...)
Son espoir : que le retour du printemps voit les gilets jaunes fixer un rendez-vous national pour impulser « un mouvement de masse » qui voie enfin « basculer cheminots, profs, dockers, etc ». J’veux du soleil ! se veut une contribution à la mobilisation et à une convergence des luttes qui n’est pas advenue. C’est pourquoi la sortie nationale du film, qui doit encore être mixé et peaufiné, a été fixée au 3 avril.