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JUSQU’OÙ ALLONS-NOUS ACCEPTER LA SURVEILLANCE DE NOS LIBERTÉS ?
Clémentine Autain, députée
Article mis en ligne le 4 avril 2020

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Trois milliards de personnes confinées à travers le monde, c’est du jamais vu. Ce qu’elles vivent, c’est un « pur laboratoire d’anthropologie SF ! », nous dit l’écrivain Alain Damasio dans un important entretien donné à Libération (...)

Mesure-t-on l’impact d’une telle expérience de masse – ne plus se parler, ressentir, se réunir, se promener librement, assister à l’enterrement d’un proche… – sur nos sensations, nos représentations du monde, nos vies, notre liberté ?

Pour la sûreté, mus par la peur du virus, allons-nous tout accepter ? La petite musique de fond – « Nous sommes en guerre », la « France unie »… – d’Emmanuel Macron prépare les esprits. Nous devrions nous taire, être disciplinés, restés sagement dans nos mètres carrés intérieurs – et tant pis pour ceux qui n’en ont pas ou peu -, applaudir à chaque décision du pouvoir en place. C’est à ce prix, nous dit-on en substance, que l’on aura la peau du Covid19. Voire. Et après ? (...)

Si les dirigeants avaient anticipé, si l’on avait produit suffisamment de tests pour dépister et isoler les contagieux, si l’on avait prévu assez de masques et de gants, nous n’en serions sans doute pas là, tous enfermés à double-tour, avec des policiers dans la rue vérifiant nos bons de sortie, amendes exponentielles à la clef pour tout manquement.(...)

Cette étape est ratée, elle est derrière nous, et l’hôpital en fait sévèrement les frais. La France n’a même pas été capable de protéger les soignants ! Le récit des manquements et des mensonges d’État sur les masques est particulièrement éclairant (...)

Et voilà : l’impréparation de l’État se transforme en prétexte pour contrôler chaque individu. L’état d’urgence sanitaire permet au gouvernement de prendre toute une série de mesures de contrôle social, sans débat. Or nous avons l’expérience de l’état d’urgence instauré pour lutter contre les actes terroristes. Rapidement, les mesures prises de façon exceptionnelle sont entrées dans le droit commun. Le glissement se fait doucement mais sûrement, de la surveillance instaurée de façon temporelle et ciblée à des normes profondément modifiées du régime des droits et libertés. (...)

C’est pourquoi je partage totalement ces mots d’Alain Damasio : « Ces mesures doivent allumer une petite lampe rouge dans nos têtes ».
Le pire serait de s’habituer, d’accepter sans réfléchir, sans broncher, ce moins-disant en matière de liberté. Le partage des données de géolocalisation ne suscite pas de grande vague de contestation. C’est pourtant un très haut niveau de flicage. Or la commission européenne a réclamé auprès des opérateurs téléphoniques des pays membres de fournir des données agrégées sur leurs abonnés mobiles pour vérifier si les consignes de confinement sont bien appliquées. Le préfet Didier Lallement fait circuler des drones à Paris pour repérer plus vite les contrevenants. La police parisienne compte une vingtaine de drones qui peuvent voler à 150 mètres de haut. (...)

le néolibéralisme s’accompagne d’un contrôle social accru. Or c’est avec ce logiciel idéologique que le gouvernement agit pour faire face à la crise actuelle.