
En France, on a tendance à penser qu’on a d’abord des idées politiques, et qu’ensuite on essaie de les appliquer. Le féminisme m’a appris l’inverse.
je préfère vous prévenir. Vous, vous croyez peut-être que vous faites un truc bien en vous emmerdant avec votre lombricomposteur (parce qu’on ne va pas se mentir, ça demande un peu de boulot ce machin). Ce que vous ne savez pas, c’est que vous risquez de vous faire attaquer (fonctionne avec n’importe quel autre marqueur de « je fais un petit geste à mon échelle »).(...)
Ce qu’on entend chez une partie de la gauche, c’est que ce serait inutile, et même pire, contre-productif. Le problème écologique étant indissociablement lié au capitalisme, nous serions des idiots utiles en nous focalisant sur des micro-actions individuelles qui ne changent rien. L’idée est qu’on s’achète ainsi une bonne conscience (« moi j’ai fait ma part ») et qu’on laisse le système perdurer en toute tranquillité.(...)
Je comprends l’accusation mais elle me semble fausse. Ce qui est vrai, c’est que ce genre d’actes sont motivés par une angoisse et représentent une sorte de dérivatif pour canaliser son sentiment d’impuissance. Ce qui me paraît faux, c’est de penser que les gens achètent des céréales en vrac et rentrent tranquillement chez eux en se désintéressant de l’enjeu global. Personne ne croit avoir sauvé la planète en faisant un trajet en vélo. En fait, je constate même l’inverse.
Il y a angoisse, il y a prise de décision individuelle du type « on va réduire nos déchets », mais ça ne s’arrête pas là, ce n’est que le démarrage d’un long processus. Avoir un lombricomposteur ne suffit pas à me rassurer sur l’avenir de la planète. C’est le contraire qui se produit. On commence à se renseigner et à lire de plus en plus sur le sujet. Or comme toujours dans ce genre de cas, on est d’abord au niveau débutant, on lit des petits articles succincts, puis on passe à des textes plus costauds. On croit qu’on va juste calmer nos angoisses mais on met le doigt dans un engrenage. (...)