
Je ne pensais pas qu’un jour, Alex, tu pourrais provoquer en moi cet étouffement de rage et de tristesse. Mais depuis ce matin, je suis captive de ta lettre et de ta capitulation. Ce que tu as écrit, c’est l’objet de mon combat. Et si tu baisses les bras, j’ai perdu.
Je ne pensais pas qu’un jour, Alex, tu pourrais provoquer en moi cet étouffement de rage et de tristesse. Mais depuis ce matin, je suis captive de ta lettre et de ta capitulation. Mes enfants, les arbres, le vent, la rue, mon travail, sont très loin, au delà ma peau. Ce que tu as écrit, c’est l’objet de mon combat. Et si tu baisses les bras, j’ai perdu. Combat. Certains trouvent ce mot trop dur, mais qu’ils lisent tes mots d’adieux si justes, si bouleversants, et ils comprendront. Ce que tu as écrit, je le vis jusqu’au sang. Je n’ai plus de souffle, j’attends le pire, je ne veux pas que tu partes, Alex.
Bien sûr que c’est une décision intime, bien sûr qu’elle est l’affirmation de ta liberté. Oui, le suicide, c’est peut-être, comme l’écrivait Maupassant, « le sublime courage des vaincus » . (...)
Mais cette décision, parce qu’elle est liée à ton autisme, et à ton homosexualité, me transperce.
Je ne peux supporter qu’un humain, quel qu’il soit, puisse subir ce sort, et se résigner lui-même à en finir parce qu’il « gêne » l’ordre, le normal et le protocole... Tu expliques ne plus vouloir « faire semblant d’être normal », tu peux vivre sans faire semblant, et, en réalisant cette prouesse, tu sauveras des vies.
(...)
Alex Dobro :
Perdre sa guerre contre le suicide quand on est autiste, homosexuel et toxicomane
(...) Je n’aurais jamais imaginé partager un jour mon histoire, surtout sachant qu’elle ne dressera vraiment pas un portrait reluisant de ma personne, mais au fur et à mesure que mon état s’est dégradé ces derniers mois, j’ai ressenti le besoin de partager mon témoignage, avant qu’il ne soit trop tard. Ayant déjà perdu de sérieuses facultés et la capacité de communiquer verbalement, je disposais d’une fenêtre très mince et je l’ai saisie avant que je ne perde aussi la capacité de communiquer à l’écrit. Je m’excuse tout de même pour la qualité de mon texte, mon témoignage ne sera sans doute pas très digeste à lire à cause de mon état, j’espère qu’il ne sera pas illisible. (...)