
Je ne suis pas militant politique. Je ne suis dans aucune association de défense des droits de qui que ce soit. Je n’ai jamais suivi le cortège d’aucune manifestation. Je ne prends pas activement part au débat public. Pourtant, cette fois, j’ai envie de prendre la parole.
Oui, la loi sur le mariage homosexuel va être votée d’ici quelques mois. Oui, ça fait des semaines qu’on ne parle que de ça. Oui, la France a sûrement des préoccupations plus importantes. Et pourtant. Pourtant face au niveau du débat, d’un côté comme de l’autre, j’ai envie de prendre la parole. Et ayant aussi peu de légitimité que les tribuns que l’on entend dans chaque camp, ce débat étant un débat citoyen avant tout, laissez moi crier un peu aussi avec les loups. (...)
Plus simplement, sans faire dans le pathos, je vous dirai simplement qu’on ne peut pas ainsi prendre le risque. Le risque que l’enfant ait besoin de cette altérité. Demandons à ce qu’il y ait des débats. Qu’il y ait des études. Qu’il y ait des recherches. Sérieuses. Indépendantes. Sans arrière-pensées militantes. Que l’on ne "vérifie" pas si cette altérité sexuelle est nécessaire dans dix vingt ans, en prenant le risque qu’effectivement il ne suffit pas, malheureusement, pour un enfant, d’avoir au dessus de lui des gens attentionnés qui l’aiment. Que l’on fasse en sorte d’avoir à ne pas se rendre compte trop tard que les choses ne sont pas aussi simples, qu’il y a des choses qui dépassent notre seule volonté, notre bonne volonté.
Et que lorsque des résultats tomberont alors oui, prenons une décision. Ouvrons le droit à l’adoption pour les couples homosexuels. Ou au contraire maintenons la dualité père-mère. Mais après. Quand on saura.
C’est facile pour nous. Nous sommes construits. Nous ne sommes pas touchés par les effets de cette paternité. Alors ne parions pas sur l’avenir, ne parions pas sur nous quand ce sont eux qui en subiront les conséquences, quelles qu’elles soient. Ne leur faisons pas payer le prix de notre empressement et de nos petits désirs.