Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Le Nouvel Observateur
Je suis tunisienne, mariée et salariée en France, bientôt sans-papiers
Article mis en ligne le 27 septembre 2012

(...) Pensant pouvoir renouveler mon titre de séjour sans encombre, je me suis au contraire heurtée à l’administration. Mon visa porte encore la mention "étudiant" et il expire le 28 septembre. Or, lors de la prise de rendez-vous avec la préfecture, nécessaire pour un changement d’état civil, la seule date que l’on m’a proposée est le 16 janvier 2013.

Entre la date d’expiration de mon titre de séjour et celle du rendez-vous, il y a plus de trois mois. Deux solutions s’offrent à moi :

1. Rester en France, sans récépissé qui permettrait de "prolonger" mon visa jusqu’à la date du rendez-vous. Cela signifie que je serai en situation irrégulière à partir de vendredi et par conséquent, dans l’incapacité de travailler en toute légalité.

2. Rentrer en Tunisie, sans certitude de pouvoir revenir en France, auprès de mon mari.

Deux solutions qui n’en sont donc pas.

Ironie du sort, la boîte dans laquelle je travaille aujourd’hui aimerait me garder mais, faute de papiers en règle, un nouveau contrat de travail en CDD n’est pas envisageable. Ils se démènent, pourtant. Car l’autre option serait d’avoir un visa de travail. Pour obtenir un récépissé, il me faut une promesse d’embauche comportant la mention "CDI". Or, tout le monde le sait, obtenir un CDI est très difficile, surtout en ce moment.

Avec toute la bonne volonté de mon employeur, ma situation est compliquée.

La France ne veut-elle pas de moi ?

Pourtant, toute cette histoire ne semble choquer personne à la préfecture. C’est comme ça que ça se passe, on ne donne pas de récépissé. Entre le moment de la prise de rendez-vous et l’expiration du visa, on reste sans-papiers. Sans travail, sans revenus. Comble de l’absurde, ma convocation me rend non-expulsable. C’est déjà ça, mais n’est-ce pas hypocrite ?

D’un côté on chasse les sans-papiers, de l’autre on en crée davantage. (...)