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Jean-Luc Mélenchon au JDD : "ll est temps d’avoir une loi d’urgence sociale"
Article mis en ligne le 12 septembre 2021

(...) Pour nous, l’obstacle majeur, c’est la résignation ou la colère froide qui produisent l’abstention. Deux instituts de sondage prédisent 50% d’abstention en 2022  : dans ce cas, nous serions en dessous de 10% ! Alors qu’on est bien au-dessus si la participation est plus forte. Inutile de le cacher. On a donc fait le choix d’un départ tôt pour s’enraciner et roder nos outils de campagne. Objectif  : redonner aux catégories populaires l’appétit de vote.

Comment faire alors qu’elles se désintéressent de la politique ?

Déjà  : dialoguer. Dans les quartiers populaires, les gens ne voient jamais personne. Nous revenons aux bases de l’action politique  : proposer des choses concrètes. Assumer une vision alternative du monde. Notre programme transforme la façon dont on vivra, dont on produira et consommera. Nous montrons combien les gens ont un intérêt à notre victoire. (...)

On est en pandémie et les milliardaires se sont encore enrichis ! Nous avons des lois d’urgence sécuritaire, des lois d’urgence sanitaire  : il est temps d’avoir une loi d’urgence sociale. Quand tant d’indicateurs sociaux virent au rouge, quand 10 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté, on est bel et bien en état d’urgence sociale. Détresse psychologique, dégradation de la santé, destruction des services publics, explosion des trafics… Une partie de la société glisse vers le néant. Sans parler de l’impact social de la crise écologique.

Que mettrez-vous dans cette loi d’urgence sociale ?

La pandémie a révélé des états de dénuement incroyables. Il faut au pays un choc de consommation populaire. Et immédiatement, le blocage des prix sur les produits de première nécessité. Jusqu’en 1986, la loi le permettait. Ce n’est pas possible que, l’énergie, le gaz, l’électricité, les carburants ou des denrées alimentaires indispensables soient inabordables.

Quoi d’autre ?

Il faut augmenter le Smic tout de suite pour le porter à 1.400 euros net mensuels. En dix ans, il n’a connu aucun coup de pouce, alors que les revenus des puissants se sont envolés de façon ahurissante. Troisième idée urgente  : reporter de deux ans le remboursement des prêts garantis par l’Etat. Des milliers d’entreprises vont se fracasser sur le mur de la dette. J’ai déjà alerté  : la dette privée en France est plus dangereuse que la dette publique. Il faut tout faire pour éviter le chaos économique. (...)

Taxerez-vous les plus riches ?

Cette année est une année blanche pour des millions de gens qui ont perdu leur revenu, ou tout juste gardé celui de l’an passé ou moins. Décrétons une année blanche aussi pour les profits du CAC 40  : tout ce qui excède la progression moyenne du CAC 40 est réquisitionné. Il y en a pour plus de 50 milliards d’euros. Ça permettrait de financer 1 million d’emplois dans les métiers du lien, du soutien scolaire… Et avec 1 million de personnes en plus au travail, on bouche aussi le trou de la Sécurité sociale.

N’est-ce pas confiscatoire ?
Oui, c’est une mesure rugueuse… comme l’est la situation actuelle ! Il n’y a aucune raison pour qu’une poignée de gens accumulent encore quand la richesse du pays s’effondre de dix points.

Autre mesure rugueuse, la nationalisation de certains secteurs comme les autoroutes. Arnaud Montebourg et Marine Le Pen la proposent. Et vous ?

C’est dans le programme de tout le monde, sauf celui d’Emmanuel Macron ! Je vais plus loin  : je demande la nationalisation des biens communs, l’air, l’eau, qui appartiendraient alors à tous… Tout dégât commis devra être réparé et pas simplement compensé comme avec les droits à polluer. L’entrée dans l’ère de la priorité écologique et sociale nécessite ce type de mesures radicales. (...)

Pourquoi n’êtes-vous pas allé manifester contre le passe sanitaire, auquel vous êtes opposé ?

Je suis contre le passe. Il répand une illusion  : faire croire que ses titulaires ne présentent plus de danger pour les autres. C’est faux ! Mais le passe sanitaire crée une société de contrôle généralisé. Fichage généralisé, contrôles intempestifs absurdes, etc. Je l’ai dit sur tous les tons et j’ai voté contre. Appeler à manifester ? Non ! C’est un mouvement populaire spontané. Si une organisation politique cherchait à se l’approprier, elle le rabougrirait, comme fait aujourd’hui l’extrême droite. Nombre d’Insoumis y participent. Je leur dis de faire attention à côté de qui ils marchent. Qu’ils soient avec la majorité des manifestants qui ne veut pas servir de caution à l’antisémitisme et au racisme.

Ne craignez-vous pas aussi d’être accusé d’être antivaccination ?

Je suis souvent accusé de tout… Je n’ai jamais été antivaccin. Je suis pro-sciences. Mais "science sans conscience n’est que ruine de l’âme", dit Rabelais ! (...)

Ne craignez-vous pas de faire la campagne de trop ? (...)

Comme l’écrivait Victor Hugo  : "J’effaroucherai le bourgeois, peut-être. Qu’est-ce que ça me fait si je réveille le peuple ?"