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Jeremy Rifkin : La nouvelle société du coût marginal zéro
Article mis en ligne le 31 mars 2015
dernière modification le 26 mars 2015

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RifkinJeremy Rifkin nous livre un nouvel essai sur les transformations en cours dans nos sociétés et notre sortie progressive du capitalisme. A l’appui de cette thèse, l’émergence de technologies décentralisées portant sur la communication, l’énergie et la logistique qui favoriseront la constitution de « communaux collaboratifs » et le développement d’une Economie Sociale et Solidaire. Une analyse qui souffre d’un manque évident de recul en terme de statistiques, qui généralise hâtivement ce qui est en train de se produire et oublie l’essentiel : notre société est divisée en classes sociales et est faite de dominants et de dominés.

(...) Pour l’auteur, trois innovations conjointes, l’Internet de la communication, l’Internet de l’énergie et l’Internet de la logistique vont donner naissance à l’Internet des objets, qui stimulera la productivité « jusqu’au point où le coût marginal de production de nombreux biens et services est quasi nul, ce qui les rend presque gratuits. » À partir de ce constat, l’auteur en déduit que cette troisième révolution industrielle sapera les bases du capitalisme, capitalisme qui s’est développé et épanoui au travers des première 1 et seconde 2 révolutions industrielles qui nécessitaient centralisation et accumulation massive de capitaux. À l’inverse, le paradigme de l’Internet des objets induit la coopération, les échanges pair à pair, ce qui serait contradictoire avec le monopole et les positions dominantes favorisant les profits. C’est dans ce contexte qu’il constate la montée en puissance de l’économie sociale appelée à remplacer progressivement les sociétés de capitaux dans l’économie, qu’il voit l’avènement du « prosommateur », individu libre qui est à la fois producteur (de son énergie, de ses créations…) et consommateur (de la production des autres qui lui ressemblent) et la constitution progressive de « communaux collaboratifs ». Il ne voit que deux obstacles à cette évolution : un réchauffement climatique trop fort et trop rapide qui anéantirait l’espèce humaine et une domination de la cybercriminalité qui détruirait la société avant l’avènement total de l’Internet des objets…

Il semblerait que l’on ait ici une thèse opposée à celle de Pierre Dardot et Christian Laval dans Commun, Essai sur la révolution au XXIe siècle 3. Pour ces auteurs, aucun bien ou ressource ne sont communs par nature : le commun est une construction politique (...)

Si nous ne pouvons qu’être d’accord avec le fait que le capitalisme est aujourd’hui en crise, que les dernières évolutions technologiques sont prometteuses à l’égard d’un projet d’émancipation, il n’en reste pas moins vrai que de nouvelles enclosures sont en train de se créer qu’il convient d’abattre et que l’industrie sera probablement présente encore pour de longues années. Il convient donc d’agir politiquement dès aujourd’hui. Se contenter de construire « à côté » du capitalisme risque fort de ne pas être suffisant pour prévenir le danger d’un réchauffement climatique ou l’émergence de courants politiques réactionnaires traduisant la désespérance sociale et politique.