
Sans aucune explication, le gouvernement algérien a censuré les deux premières parutions de Jeune Afrique depuis le confinement. Une situation incompréhensible, et unique sur le continent, que nous ne désespérons pas de voir s’arranger.
Décidément, les relations de Jeune Afrique avec les dirigeants algériens ne seront jamais un long fleuve tranquille… Dernière secousse en date : l’interdiction de la distribution du numéro 3089 de JA, daté de juin. Notre première livraison depuis la suspension de notre édition papier, décidée à la mi-mars en raison des mesures de confinement. Pour quelle raison ? Mystère.
Nul besoin cependant de verser dans l’art de la divination pour imaginer que l’objet du « délit » doit être notre enquête de six pages consacrée à la refonte de l’armée et des services de renseignements décidée par le président Abdelmadjid Tebboune. Enquête objective et étayée, faut-il le rappeler, et qui, de surcroît, n’avait rien d’un pamphlet anti-El Mouradia. Allez comprendre… (...)
Cela est d’autant plus étrange que depuis l’élection de Tebboune, en décembre 2019, il y a à peine six mois, tout était rentré dans l’ordre. Après une longue éclipse, JA était de retour sans carcan en Algérie. Rappelons, en effet, que depuis le 23 avril 2018 JA avait disparu des kiosques. Lecteurs de longue date et plus récents, citoyens lambda, acteurs politiques, opérateurs économiques, responsables d’institutions publiques ou privées, diplomates ou confrères, tous n’avaient cessé de nous interroger sur les raisons de cette absence et sur sa durée. Las, nous étions bien incapables de leur répondre avec précision. Seule certitude : cela ne relevait aucunement de notre choix mais d’une décision unilatérale du gouvernement algérien. (...)