
Fin octobre 2016, l’Etat transférait en quelques jours 7.400 migrants de la "Jungle" de Calais vers des centres d’accueil en régions. Un an plus tard pourtant, des centaines d’exilés vivent dans la précarité sur ce territoire, sur fond de fermeté des pouvoirs publics en matière migratoire.
Tôt le matin du 24 octobre 2016, une file de centaines de Soudanais, d’Afghans et d’Erythréens, valises aux pieds, attendait devant les portes d’un hangar transformé en gare routière pour l’évacuation. Le début d’une incessante procession, trois jours durant. Non pas vers l’Angleterre, comme certains en rêvaient, mais vers des centres d’accueil et d’orientation (CAO) plus vivables que la boue qui faisait le quotidien de la "Jungle", formée un an et demi plus tôt. (...)
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Pour autant, "il y a quelque chose d’inachevé car le démantèlement a sonné le glas des hébergements d’urgence" dans le Calaisis, dit-il, regrettant que Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, n’ait pas respecté sa promesse de rouvrir un centre à Calais.
C’est bien ce que paient aujourd’hui les migrants, de l’avis d’une dizaine d’associations, dépeignant "une situation humanitaire particulièrement catastrophique". Depuis novembre 2016, épaulées en juin par un rapport du Défenseur des droits, elles ont pointé du doigt la pression de policiers déployés en grand nombre, empêchant ces étrangers de dormir, confisquant leurs affaires et les aspergeant de gaz lacrymogène.
"Le démantèlement a surtout consisté à faire table rase de tous les dispositifs existants et à mettre en place une politique du tout-sécuritaire", dénonce Vincent De Coninck, du Secours catholique.
Précarité sanitaire
Sans compter la précarité sanitaire, devant les résistances de l’Etat pour installer points d’eau et douches, par crainte d’un nouveau "point de fixation" à Calais.
L’ONU a jugé "préoccupant qu’environ 700 migrants à Calais et ses environs comptent temporairement sur 10 toilettes portatives et 10 robinets seulement".
Une situation qui s’inscrit dans un tour de vis plus large. La Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) vient de dénoncer les "réticences" de l’Etat à appliquer la loi à Calais, le "harcèlement" des forces de l’ordre et les "violences" envers les migrants, obligés de bouger en permanence, "notamment à Paris, à Calais ou dans la vallée de la Roya". Au risque selon elle de contribuer à "nourrir un sentiment de xénophobie".
A la frontière franco-italienne, cinq ONG dont Amnesty, MSF et le Secours catholique viennent de dénoncer des atteintes "inadmissibles" aux droits des migrants qui se voient refoulés et donc ne peuvent solliciter l’asile. (...)