
Kaïs L, jeune tunisien de 18 ans, a passé 24 heures d’abord au poste de police puis au centre de rétention (CRA) de Vincennes. Il n’a commis aucun délit, pas même une infraction. Il était dans un couloir du métro à Gare du Nord, son titre de transport en règle. Mais, comme au bon vieux temps de Guéant et compagnie, il est tombé sur un contrôle de police, une rafle pour appeler les choses par leur nom. Tunisien, venu chez son oncle et sa tante il y a deux ans (mars 2012) pour étudier, il se retrouve sans papiers à 18 ans et sans possibilité légale d’en obtenir. En effet, la circulaire Valls de novembre 2012 n’autorise que la régularisation des lycéens scolarisés en France à leur 16e anniversaire et d’eux seuls. Ce qui, à quelques mois près, exclut Kaïs comme plus de 80% des élèves sans papiers.
Il se trouve que Kais a un parcours scolaire exemplaire, probablement en partie aussi parce qu’il bénéficie de l’appui de sa famille. Il serait moins bon élève ou dans une situation sociale plus fragile qu’il mériterait tout autant d’avoir la possibilité de poursuivre des études puis de vivre où il le souhaite. Mais il est bon élève. Après une classe CLA en 2012-2013 au lycée Edmond Rostand (allez voir le film La Cour de Babel, vous serez admiratifs de ce que sont ces classes et leurs élèves !) il est en CAP Installation Sanitaire au lycée Hector Guimard depuis septembre 2013. Elève assidu et apprécié de tous, il a reçu les encouragements de ses enseignants pour le second trimestre.
C’est dire que dès que la nouvelle de son arrestation a été connue, tout l’établissement, le Proviseur, l’ensemble des équipes du Lycée et ses camarades ont été choqués et chacun est intervenu pour demander sa libération.
Les responsables syndicaux de l’enseignement, FSU, Solidaires et CGT, les syndicats lycéens, la FCPE, la mairie de Paris, des élus du Conseil régional d’Ile de France, des élus des 18e et 19e arrondissements parisiens, interpellaient la préfecture de police. Et, surtout, un rassemblement était convoqué pour le lendemain, 21 mars à 8 heures du matin devant le lycée.
Sentant la mobilisation monter, la préfecture choisissait la voie de la sagesse : la libération de Kaïs était annoncée en fin d’après-midi par la mairie de Paris, et il était relâché dans la soirée mais son obligation de quitter le territoire (OQTF) n’était pas été annulée. (...)