(...) I - Les présupposés de base :

L’Islam est une religion comme une autre. Ni pire ni meilleure. Elle n’est que ce que les hommes en font. On y trouve à l’instar du christianisme ou du judaïsme des principes moraux salvateurs et d’autres détestables.

• Les religions ont toujours joué un rôle politique, si on est sensible à la raison et/ou au marxisme on jugera qu’elles peuvent obscurcir le jugement critique en interdisant tout questionnement et qu’a ce titre elles purent en effet être « l’opium du peuple ».
• La laïcité permet et protège la pratique du culte de son choix, l’Etat s’imposant en cette matière une stricte neutralité pour autant que la pratique de ce culte ne contrevient pas à l’ordre public.
• Les principales religions du Livre ont vis à vis des femmes développées des positions éminemment patriarcales les enfermant dans des codes moraux infiniment plus contraignants que ceux imposés aux hommes.
• L’émancipation des femmes s’est donc aussi faite en s’opposant aux valeurs et principes religieux qui ont longtemps consciemment ou inconsciemment structuré nos sociétés.
• Le voile est l’expression d’une règle patriarcale et discriminatoire en ne s’imposant qu’aux femmes et dont le but est de limiter l’interaction des femmes avec l’espace public.
• Toutes les religions ont toujours montré un intérêt prononcé pour les codes vestimentaires des femmes. Un intérêt jugé désormais incompatible dans une société qui promeut l’égalité entre les sexes et la liberté des femmes à disposer librement de leur corps (et de la façon de le vêtir).
• La République Française s’est largement construite sur un antagonisme musclé entre l’Eglise et l’Etat. La laïcité à longtemps été un outil de combat politique contre une Eglise défendant farouchement son emprise sociale et politique. L’Eglise a définitivement perdu ce combat au début du XXe siècle.
• La résurgence du nationalisme et son corolaire le rejet des « autres » s’est nourri ces dernières décennies du radicalisme musulman, ultra minoritaire mais spectaculaire et sanglant.
• La propagande nationaliste radicale a opportunément surfé sur les phobies induites par le radicalisme musulman instillant l’axiome Islam = terrorisme.
• L’islamophobie est dés lors devenu un véhicule commode pour nourrir le racisme indispensable à l’épanouissement de l’extrême droite, passant pour schématiser du slogan « les arabes dehors » à celui de « les musulmans dehors ».
• La communauté musulmane en France est donc une minorité sous pression dans un environnement raciste.

II - C’est donc un piège pour les progressistes.

• Si vous jugez que le port du voile est questionnable parce qu’il est symbolique d’une oppression vous risquez de vous compromettre avec ceux qui font du sujet un outil de leur racisme ordinaire.
• Si vous refusez de vous positionner sur la question vous êtes soupçonnable de laisser le champ libre au radicalisme religieux et de valider par omission l’expression d’un patriarcat rétrograde.

III – Dés lors quelques règles simples pour aborder le sujet :

-* S’interdire de définir en leur lieu et place comment s’habillent les femmes. Règle à imposer autant à ceux qui sont « pour » qu’à ceux qui sont « contre » le port du voile. Les femmes font ce qu’elles veulent comme elles veulent.

• Limiter strictement l’expression religieuse à la sphère privée.
• Privilégier l’éducation, la discussion à la coercition susceptible d’être contre-productive vis-à-vis d’une minorité sur la défensive.
• Lutter contre toutes les formes de patriarcat, mais fonder cette lutte sur des bases sociétales et non religieuses.