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Le Grand Soir
L’UNESCO et le « symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade
Article mis en ligne le 3 février 2011
dernière modification le 2 février 2011

Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler.

Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté d’expression ». Lorsqu’on voit une telle affiche, on n’a qu’un envie : s’inscrire pour y participer et pouvoir baigner pendant toute une journée en compagnie d’un gotha mondial de la liberté d’expression. L’absence de Chomsky et quelques autres aurait dû me mettre la puce à l’oreille (...)

le constat est clair : l’UNESCO a été l’objet d’une tentative de manipulation destinée à transformer une des dernières organisations internationales « indépendantes » en un vecteur de propagande supplémentaire sous couvert de lutte pour la « liberté d’expression », présentée comme une nouvelle mission. (...)

[Et soudain je remarque au passage l’absence d’Amnesty International à un colloque sur la liberté d’expression. Et je me souviens que cette organisation a garanti son indépendance dés sa création en refusant les fonds d’origine gouvernementale ou, d’une manière générale, toute source pouvant créer un conflit d’intérêts avec sa mission. Et je remarque aussi que cette organisation – dont tout le monde adore citer le rapport qui confirmerait ses propres préjugés - a disparu des médias ces dernières années. Les grands médias préfèrent RSF et nous verrons plus loin pourquoi.] (...)

Par ailleurs, Eric Shmidt, président et directeur exécutif de Google, a affirmé lors d’une conférence à l’Université de Princeton qu’« il est illégal pour nous (Google) d’avoir la moindre relation commerciale avec Cuba » mais que nous ferons néanmoins tout le possible pour que les citoyens cubains découvrent « que les gens qui dirigent le pays (Cuba) doivent être renversés ». Google limite ses services aux Cubains à différentes services, entre autres Google Earth, Google Code et Google Chrome ».

(Lorsque Google a censuré Cuba, nous n’avons rien dit, nous n’étions pas Cubains.)

C’est un exemple parmi d’autres de la « neutralité » telle qu’elle peut être « garantie » par une société contrôlée par des intérêts privés et exerçant un quasi-monopole. Une salle bondée de « responsables » a donc passivement écouté le représentant d’une entreprise privée qui exerce un quasi-monopole expliquer que la démocratie de l’internet était entre de bonnes mains, les siennes.

On savait déjà que les Etats-Unis avaient externalisé et privatisé une partie de leurs forces armées, serions-nous arrivés au point où l’UNESCO avalisera l’externalisation et la privatisation de la démocratie et la neutralité de l’Internet ? Et nous savons à quel point nous pouvons faire confiance à la parole publique des dirigeants des sociétés multinationales. (...)

Le raisonnement pervers, véhiculé par des organisations comme RSF, consiste à prendre pour exemple le sort réservé à de véritables journalistes pour mieux exiger une « liberté de presse » en général, y compris pour les médias de masse qui sont, qu’on le veuille ou non, les premiers responsables de la « non information » ambiante et généralisée. Ce ne sont pas les Judith Miller qui se font assassiner, ce ne sont pas les commentateurs de Fox News qui se font assassiner, ce ne sont pas les Alexandre Adler, BHL, Pujadas et PPDA qui se font censurer, harceler. Tout simplement parce que ces « journalistes »-là ne feront jamais rien pour s’exposer (en admettant qu’ils en aient la volonté et le courage, ce dont je doute, évidemment). (...)

Le lecteur aura remarqué à quel point RSF est devenue l’interlocutrice incontournable et quasi-institutionnelle sur toutes les questions qui touchent à la liberté de la presse.... surtout dans le tiers-monde. Son rôle est tel que cette organisation est désormais subventionnée par la National Endowment for Democracy, une organisation façade de la CIA. (5) et les néo-conservateurs les plus agressifs de l’administration Bush lui trouvent une certaine utilité et la citent en exemple... (6) Au moment où le droit international est foulé aux pieds, où la torture est devenue une pratique institutionnalisée par ceux-là mêmes qui se proclament « bons », son omniprésence dans les médias par des campagnes corporatistes est tel que l’on peut désormais se poser légitimement la question suivante « quel rôle joue exactement RSF et où sont donc passées les autres ONG ? ».

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