Au cours des débats publics notamment ceux organisés au moment du référendum de 2005, deux conceptions se sont opposées : celle des défenseurs de la dynamique enclenchée proposant d’aller plus en avant dans la construction européenne et celle des adeptes d’une Europe sociale.
Les dés n’étaient-ils pas pipés d’avance ?
Ce référendum a laissé d’ailleurs un goût amer puisque le projet rejeté par les citoyens consultés a été repris et voté par les parlementaires en congrès.
La logique marchande initiale l’emportant, les services publics, eux-mêmes risquent d’être les victimes d’une stratégie d’intégration européenne basée sur le principe libéral d’instauration d’une concurrence non faussée.
Le programme uni de la Résistance a mis en place un système de protection sociale et a développé des services publics que beaucoup de nos voisins ont envié et nous envient encore. Ce programme a été réalisé par des militants venus d’horizons différents, certains étaient communistes, d’autres socialistes, radicaux ou gaullistes mais toutes et tous avaient la volonté farouche de mettre en vie une solidarité active entre les personnes et entre les générations. Il s’agissait à la fois de créer la Sécurité sociale dans le cadre du paritarisme et de développer des services publics au service de tous dans de nombreux secteurs : la santé, l’énergie, la distribution du courrier.
C’était la réalisation du pacte républicain, socle de notre démocratie.
Tout n’a été ni inventé, ni créé à la Libération.
Pour prendre un exemple parmi d’autres : l’administration des postes en France date du début du 17ème siècle. (...)
Ce service a une vieille histoire qui date de la royauté et qui a été perfectionné par la République avant que le 10 mai 1946 un décret constitue deux directions générales : la Direction générale de la poste et la direction générale des télécommunications.
Chacun avec son itinéraire propre qui l’inscrit dans l’histoire de France : la Poste, la SNCF, l’EDF GDF ont constitué le fleuron d’un dispositif de création ou de développement d’un service public
VENONS EN A LA CREATION DE L’UNION EUROPENNE
D’aucuns idéalisent le projet initial en l’opposant à la perversion d’aujourd’hui.
La Communauté Européenne a commencé par s’appeler la CECA
( la Communauté Européenne du charbon et de l’acier) avec l’objectif de développer la production européenne, faciliter les échanges et permettre aux grands monopoles Schneider De Wendel, IG Farben, IG Metall de devenir compétitifs et d’engranger des bénéfices.
Cette démarche a sa logique propre mais on est loin de l’Europe sociale !
Très vite un système a vu le jour, celui qui consistait à mettre tout en concurrence, à installer la marchandisation et à instituer un cadre contraignant pour les politiques publiques obligées d’appliquer et de transposer les directives européennes.
La libéralisation forcenée mise en place par l’Union Européenne date de 1986. (...)
L’acte unique insiste sur le développement d’un grand marché intérieur, la concurrence devient une valeur sacrée et les Etats disposant d’un monopole de services publics deviennent des obstacles à l’exercice d’un marché libre et non faussé (...)
Les SSIG (Services sociaux d’intérêt général) concernent tous les services sociaux qui ne sont pas jugés rentables mais soumis aux mêmes obligations : mise en concurrence, interdiction pour les collectivités locales d’apporter un soutien à ces services ou associations.
Il ne faut pas oublier non plus l’Education qui par la directive Mac Greevy en 2005 tombe dans un domaine non régalien donc soumis à la concurrence « libre et non faussée »
Aujourd’hui, encore plus qu’hier, nos services publics indispensables à l’application des principes républicains et notamment à l’égalité sont mis à mal par une Union Européenne qui a imposé avec l’accord des gouvernements la privatisation de nombreux services publics.
Les contraintes de mise en concurrence et les obligations de réduction drastique des dépenses publiques instituent une situation de rupture avec le pacte républicain de 1945 .
De nouvelles opportunités vont conduire à la marchandisation des services publics transport, eau, énergie, santé, dépendance, poste, télécommunication, formation continue. (...)
Certains pensent qu’il faut que la France se retire de l’Union Européenne, d’autres estiment qu’il est possible que celle-ci change de cap et de politique mais toutes celles et tous ceux qui sont attachés à la fois au principe républicain : ce sont les assemblées élues qui votent les lois et à l’existence de services publics de qualité échappant à la marchandisation N’ACCEPTENT PAS QUE L’UNION EUROPENNE SONNE LE GLAS DES SERVICES PUBLICS.
FAUT-IL ORGANISER UNE NOUVELLE RESISTANCE ?