S’il est un sujet qui ne fait pas ou peu débat dans les médias, c’est bien celui du rôle et des transformations des institutions européennes. Qu’il s’agisse de la presse, de la radio ou de la télévision, l’Europe est avant tout l’objet des « experts » ou des éditorialistes, seuls à même de comprendre les arcanes de Bruxelles. Parmi eux, le consensus règne : il faut « plus d’Europe », peu importe de quoi il retourne. Dès lors, toute critique ou proposition alternative en matière d’intégration européenne est exclue. La campagne référendaire de 2005 autour du traité constitutionnel européen avait mis en évidence cet unanimisme médiatique [1].
Huit ans plus tard, rien n’a changé : alors même que Bruxelles, avec le consentement des États membres, impose des coupes de plus en plus drastiques dans les budgets publics – une surenchère de rigueur critiquée jusqu’au sein du FMI – les mêmes experts applaudissent inconditionnellement : « plus d’Europe » oblige… Intéressons-nous ici à deux cas d’école : celui du Monde et de Libération. (...)
Sans se prononcer sur le bienfondé ou non de l’intégration européenne, on peut tout de même noter que la démarche des dirigeants européens est loin de faire l’unanimité parmi les économistes, dont certains critiquent les conséquences néfastes de l’austérité (récession, chômage…), l’absence de réponse vis-à-vis de lacunes structurelles de la zone euro (déséquilibres commerciaux), et formulent des propositions alternatives au plan européen. Or, pour les « spécialistes » du Monde et de Libération, ce débat n’a semble-t-il pas lieu d’être. Qu’il s’agisse de « sauver l’euro », d’approfondir la rigueur ou tout simplement au nom de la nécessité impérieuse de l’intégration européenne – quel que soit son contenu – ils s’accordent pour emboîter le pas aux projets des dirigeants européens. (...)