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Sud-Ouest
L’addiction sexuelle d’Harvey Weinstein : une impossible défense
Article mis en ligne le 13 octobre 2017

Accusé d’agressions sexuelles, de harcèlement et de viols, le faiseur de rois d’Hollywood a promis dans un communiqué officiel d’apprendre à "maîtriser ses démons". Il s’est rendu ce jeudi dans une clinique spécialisée dans le traitement de l’addiction sexuelle en Arizona pour "recevoir de l’aide". Cette défense, à défaut d’être originale, est dangereuse. Car la carte de l’addiction sexuelle, trop souvent jouée dans des affaires d’agressions sexuelles, est une manière insidieuse de disculper l’agresseur.

(...) pour les psychiatres comme pour les addictologues, l’addiction sexuelle et la perversion sexuelle sont deux pathologies bien distinctes. "Il y a une recherche de plaisir compulsif dans l’addiction sexuelle. Bien évidemment, elle peut pousser le malade à dépasser des barrières morales dans le seul but de combler son désir", explique Christine Barois, médecin psychiatre en cabinet à Paris.

"Mais pour prendre un exemple simple, un alcoolique ne va pas dévaliser un magasin d’alcool juste parce qu’il a besoin de boire. Un homme accusé par des douzaines de femmes belles et célèbres d’agressions sexuelles n’a pas le profil d’un addict, mais celui d’un pervers".
Christine Barois, psychiatre

"L’addiction sexuelle n’est ni démonstrative, ni festive" (...)

"L’addiction sexuelle sert de pare-feu à beaucoup de déviances : la pédophilie, l’exhibitionnisme, le voyeurisme…Mais il n’y a aucun lien de causalité directe entre addiction sexuelle et comportements violents et agressifs. Ça n’a rien à voir  !"
Stéphanie Ladel, spécialiste des addictions
(...)

La spécialiste des addictions insiste sur la honte que provoque l’addiction sexuelle, loin de l’assurance décomplexée décrite dans les témoignages contre Weinstein. "L’addiction au sexe n’est ni démonstrative, ni festive. C’est une honte, une descente aux enfers que l’on cache. Elle génère une culpabilité énorme pouvant aller jusqu’à la dépression et le suicide".
Invoquer cette pathologie peut être une manière pour Weinstein de fuir les conséquences de ses actions. Pourtant, comme le note Slate US "Même si Weinstein a réellement besoin d’une thérapie, sa potentielle addiction au sexe ne l’absoudrait pas de ses crimes – car c’est bien ce dont il s’agit. Il a abusé des femmes pendant des dizaines d’années, et il devrait avoir à répondre de ses actes, quelques soient les démons psychologiques qui l’ont poussé à les commettre".