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L’écosocialisme comme alternative politique, sociale et écologique au capitalisme
Article mis en ligne le 18 décembre 2017
dernière modification le 17 décembre 2017

L’écosocialisme est un « courant de pensée et d’action écologique qui fait siens les acquis fondamentaux du marxisme tout en le débarrassant de ses scories productivistes. Pour les écosocialistes, la logique du marché et du profit […] est incompatible avec les exigences de sauvegarde de l’environnement naturel. » |1| Une première affirmation de l’écosocialisme est que le capitalisme est incompatible avec l’écologie et la protection de l’environnement car l’expansion du capital, à travers l’augmentation des profits, bute nécessairement sur le fait que les ressources de la nature sont limitées. La promesse de justice basée sur la croissance et donc sur l’accumulation infinie de capital ne peut plus résister aux désastres sociaux et environnementaux actuels.

L’écosocialisme est ainsi une tentative de réponse théorique alternative aux solutions dominantes au sein des discussions internationales sur la lutte contre le réchauffement climatique. Le capitalisme vert ne représente pas une vraie solution car il ne remet pas en cause les modes de production et de consommation capitalistes, principales causes des problèmes climatiques qu’affronte la planète, modes qui ne peuvent se maintenir qu’en accentuant le caractère déprédateur du système envers l’environnement.

Dans cet article, nous reviendrons sur la critique du capitalisme sur laquelle se fonde l’écosocialisme. Cette critique de la réalité actuelle est nécessaire pour penser une société alternative. Toutefois, nous ne pouvons pas seulement nous contenter d’énumérer les raisons de notre opposition au système dominant. Ici, nous proposerons une ébauche de cette société à travers la caractérisation de ce que pourrait être une possible planification nécessaire pour changer de paradigme de société et de modes de vie afin de lutter contre les inégalités sociales et écologiques. (...)

La critique écosocialiste du capitalisme
La critique du productivisme et de la société de consommation

La crise financière et économique qui a éclaté en 2008 a rappelé que l’histoire du capitalisme est jalonnée de multiples crises d’ampleur variable. En effet, les crises sont essentielles pour que le capitalisme puisse se reproduire, se transformer et s’adapter aux nouvelles conditions de son environnement. Toutefois, ces deux crises font partie d’un ensemble de crises – environnementale, énergétique, alimentaire, hydraulique, climatique, culturelle – que l’on pourrait qualifier de rupture civilisationnelle intégrale, c’est-à-dire l’épuisement d’un modèle d’organisation de la société qui s’exprime dans les champs idéologique, symbolique et culturel.

La crise civilisationnelle capitaliste est liée à ses valeurs : une soif d’accumuler chaque fois plus allant de pair avec un productivisme et un consumérisme infinis sans prendre en compte les limites physiques de la Terre. Le capitalisme est générateur de besoins illusoires pour rentabiliser ses investissements et maximiser ses bénéfices au détriment de la nature. Ses conséquences se ressentent fortement de jour en jour à travers le réchauffement climatique, l’individualisme, la croissance des inégalités, une socialisation de plus en plus informatisée, etc. Elle aboutit à la perte de la biodiversité. Face aux constats antérieurs générés par les différentes crises, il est impossible d’universaliser ce modèle économique et social. Il nous faut donc revenir à « la simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance » |2|. Selon André Gorz, le meilleur moyen de sortir du tout-marché passe par « produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons » |3|.

Dans leur critique du productivisme, les théoriciens écosocialistes n’oublient pas non plus que le socialisme peut être aussi productiviste. Si le capitalisme a comme principes de base la production et la consommation pour arriver au bonheur, le socialisme se différencie de lui en prenant en compte la distribution équitable de ces richesses. Pourtant, les deux systèmes continuent à être deux idéologies productivistes intégrées dans l’idéal de la modernité de soumission de la nature à l’être humain pour produire indéfiniment des richesses. D’après les écosocialistes, la critique du mode de consommation doit s’accompagner de celle du mode de production, sans se limiter à la lutte contre les inégalités de répartition des richesses, tout en respectant la nature et ses cycles de reproduction.

Il est donc nécessaire de dépasser ce productivisme en se posant la question suivante : comment et quoi produire ? Ces problématiques sont fondamentales pour la société : la relation entre les besoins et les conditions qui rendent possible leur satisfaction, c’est-à-dire la satisfaction des besoins humains, doit correspondre aux ressources disponibles en prenant en compte la vulnérabilité de la planète et le fait que les ressources naturelles sont finies. (...)