
Le jeudi 5 octobre 2017, L’ancien militant d’extrême-gauche et écrivain Cesare Battisti, dont l’Italie réclame l’extradition depuis longtemps, a été placé en détention préventive au Brésil. Il aurait été arrêté à la frontière avec plus de 10.000 réais (2.700 euros environ), ce qui n’est pas légal si une autorisation préalable n’est pas délivrée.
(...) Rome en profite pour demander une nouvelle fois son extradition.
Pour rappel, durant les « années de plomb » — des années 60 jusqu’aux années 80 environ — les pays de l’Europe de l’Ouest sont le théâtre de la montée d’un activisme politique violent, reposant souvent sur la lutte armée - Cesare Battisti était membre des Proletari Armati per il Comunismo (Prolétaires armés pour le communisme), un groupe italien d’extrême gauche actif à la fin des années 70 ayant organisé de nombreux attentats et assassinats.
Cesare Battisti a été condamné en 1993 par contumace à la réclusion à perpétuité pour quatre meurtres et complicité de meurtres à la fin des années 1970, lors d’une période d’activisme violente en Italie. Battisti continue de protester : il serait innocent. Du coup, il s’était réfugié en France pendant plus de quinze ans, jusqu’en 2004. En effet, François Mitterrand s’était engagé à n’extrader aucun ancien militant d’extrême gauche ayant renoncé à la violence. (...)
Il a vécu dans la clandestinité avant d’être arrêté à Rio en 2007. Il avait ensuite passé près de quatre ans en prison, près de Brasilia, avant d’être libéré en juin 2011. Entre temps, le président de gauche de l’époque, Luiz Inacio Lula da Silva, avait refusé, à la demande de l’Italie, d’extrader Battisti. Et, le 22 juin 2011, le Conseil national de l’immigration lui avait permis de résider de façon permanente au Brésil.
Cesare Battisti y avait donc refait sa vie, épousant en 2015 une Brésilienne et devenant un écrivain, surtout de romans policiers, dont Dernières cartouches, Avenida Revolución, Vittoria, J’aurai ta Pau, Jamais plus sans fusil, Face au mur ainsi que son autobiographie : Ma Cavale.
« La situation de Battisti a changé par rapport à l’époque de Lula », a déclaré jeudi à l’AFP une source au palais présidentiel du Planalto, au Brésil, tout en indiquant qu’une éventuelle extradition prendrait du temps. L’Italie avait encore demandé l’extradition de l’écrivain le 25 septembre dernier. Selon les médias italiens, le président brésilien Michel Temer y était favorable, précipitant ainsi peut-être la fuite de Battisti vers la Bolivie