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« L’histoire scolaire de Leonarda est à l’image de l’histoire de son immigration : morcelée et précaire »
Article mis en ligne le 25 octobre 2013

Professeure spécialisée dans l’intégration des élèves étrangers, Claire Langanne a suivi la scolarité de la jeune fille au collège André-Malraux de Pontarlier. Dans un entretien, le premier qu’elle accorde depuis le début de l’affaire, elle éclaire son parcours scolaire et le replace dans le contexte plus large des migrations des familles roms à travers l’Europe et de la scolarisation des enfants roms.

(...) même quand ils sont acceptés, leur scolarité est parfois compliquée. « Ils viennent du Kosovo. Ils ont fui la guerre. Leur histoire est chaotique », rappelle Régis Guyon, directeur du service Education et Société au Centre national de documentation pédagogique (CNDP) et rédacteur en chef de la revue Diversité, qui a pu rencontrer plusieurs familles dans le même cas que les Dibrani.

En revanche, une fois arrivés en France, leurs parcours sont plus variés qu’on ne le croit, comme le rappelle Anina Ciuciu, la jeune Rom désormais « porte-parole » de la communauté, qui a raconté son parcours dans son livre Je suis tzigane et je le reste : des camps de réfugiés roms à la Sorbonne.

Elle y rend aussi hommage à ceux qui ont rendu sa réussite scolaire possible : des personnes généreuses, des enseignants attentifs, l’école de la République. On l’a peu dit mais son livre, qui est surtout un témoignage, est un des plus vibrants et sincères hommages qui ait été rendu à notre école depuis des lustres. (...)

L’histoire de Leonarda et de sa famille est-elle exceptionnelle ?

Claire Langanne : Le parcours de Leonarda ressemble à d’autres parcours de familles roms qui passent d’un pays européen à l’autre, avec des retours parfois au Kosovo au rythme des expulsions. J’ai scolarisé des enfants dont les familles arrivaient d’Allemagne en étant repassées ou pas par le Kosovo. Ils racontaient les nuits passées dans les parcs et le retour rapide.

Le père de Leonarda n’a pas dit la vérité sur le parcours de sa famille, ses enfants ne sont pas nés au Kosovo. Cette histoire de mensonge est-elle singulière ?

Pour ne pas être renvoyées, les familles mentent souvent sur leur parcours et les enfants cachent les langues qu’ils parlent. C’était le cas de Leonarda, qui a mis un certain temps à pouvoir dire qu’elle parlait italien, mais la langue était présente dans l’apprentissage du français dès le début.

Certains enfants parfaitement germanophones nous ont dit avoir appris l’allemand à la télé ou avec un ami. Certains élèves parfaitement scolarisés en Allemagne cachaient aussi leur langue.

Quelle est l’histoire scolaire de la jeune fille ?

L’histoire scolaire de Leonarda est plutôt mystérieuse parce que les enfants ne peuvent pas raconter vraiment leur histoire. Souvent, ils donnent une histoire d’école impossible au Kosovo. (...)