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« L’informatique et la gestion détruisent les métiers »
Article mis en ligne le 17 juillet 2019
dernière modification le 16 juillet 2019

Les membres du collectif Écran total échangent expériences et réflexions sur l’informatisation de leurs métiers et de leurs vies. Ce qui les conduit logiquement à repenser le rôle et la place du syndicalisme : lutter contre le patronat ne suffit pas, il faut aussi réinvestir la critique du travail.

Écran total réunit des personnes de toute la France travaillant dans l’élevage, l’éducation, le travail social, la médecine, la boulangerie, le maraîchage, l’artisanat ou les métiers du livre, ainsi que des gens au chômage, au RSA ou sans activité. Toutes et tous constatent qu’une même logique est à l’oeuvre dans leur emploi ou dans leur vie : l’informatique et la gestion détruisent les métiers et dégradent les relations sociales. On n’idéalise pas ce qu’était le travail ou la société aux stades antérieurs du capitalisme, mais il nous semble important de prendre la mesure des transformations actuelles – à cause du numérique, nos moyens d’action et de pression se réduisent.

Nous tentons donc de nous organiser pour résister. Et pour soutenir celles et ceux qui payent le prix de leur opposition à la gestion administrée des bêtes, des élèves, des patients, des usagers, etc... Partager nos expériences (au travail et en dehors) et les luttes qu’elles occasionnent, nous aide à préciser ce à quoi on aspire. Tout cela participe de notre volonté de retrouver de l’autonomie, de redéfinir nos besoins, de nous réapproprier des savoir-faire. Bref, de décider de la forme et du sens de nos activités et de nos vies. (...)

Parmi nous, beaucoup sont salariés et portent la critique depuis l’intérieur des organismes ou des institutions. D’autres estiment que leurs marges de manœuvre disparaissent et démissionnent. On aimerait que ces pas de côté ne se résument pas à des sauve-qui-peut individuels et qu’Écran total permette de penser et d’initier ce qu’on veut construire collectivement, notamment hors du salariat. (...)

Au-delà de la défense des métiers, il est indispensable de réfléchir au caractère inutile, voire nuisible, de certains boulots et à la misère humaine qu’ils induisent. (...)

Il ne s’agit pas de renoncer à l’entraide ni de rejeter ce que l’histoire du mouvement ouvrier a pu avoir de fécond. Il n’est pas non plus question d’abandonner la défense des travailleurs contre le patronat. Non, nous souhaitons plutôt réinvestir la critique du travail, de ses visées, de son organisation, notamment via sa rationalisation et l’emprise des nouvelles technologies. Et nous voulons conjuguer cette tâche d’inventaire avec des actions de soutien et des formes nouvelles d’organisation collective hors du salariat.