
J’ai commencé à écrire une bafouille sur la vulgarité des gens de droite mais elle sonnait faux, elle était trop facile, scribouillarde. Les gens de droite sont aujourd’hui devenus très vulgaires, ils ne fréquentent plus les concerts classiques, adieu Mozart et Bach, les voilà en 4X4, à Marrakech, partouzeurs ou contre le mariage gay, qu’importe, ils sont vulgaires et sans retenue. Ils ont cru gagner de l’argent. C’est l’argent qui les a gagnés.
Et puis il y a les chroniqueurs de droite. Ne regardant que les documentaires animaliers sur Arté, voire quelques vieux films intemporels de temps en temps, je suis à l’abri d’Eric Zemmour et des autres dont j’ignore les noms. Quand la radio m’en parle, je n’y comprends pas grand-chose. J’ai donc regardé le sus-nommé sur Youtube histoire de voir. Puis j’ai dérivé sur un tas de types qui peuvent aujourd’hui parler dans l’écran, et dire n’importe quoi dans l’urgence (...)
Je viens de voir un ramassis de gens comme les autres, avec des idées des clichés, et beaucoup de n’importe quoi. Il me semble qu’autrefois, ces gens-là n’avaient pas pignon sur rue, même si celle-là leur servait trop souvent d’exutoire et leur permettait, pour peu qu’un fleuve coule dans les parages, d’y jeter un étranger dans la joie de l’ordure qu’ils incarnent.
Mais aujourd’hui, nous ne sommes plus seuls. Le Super 8, c’est fini. Avec quelques euros, on peut se filmer devant une trentaine de semblables, et même en inviter d’autres, en découvrir, que dis-je ! En INVENTER !
Il était avant-hier difficile d’inventer des semblables, ils étaient dans leurs coins à ressasser. Aujourd’hui, ils donnent des conférences filmées en numérique sur les écrans du monde entier. Sont-ils plus nombreux pour autant ? Non. Mais plus ensemble, oui.
Que la télévision les invite est étonnant. C’est sans doute à cause de l’urgence, cette idée de la nouveauté qui fait la qualité aujourd’hui de toutes choses. (...)
Zemmour est suffisamment intelligent pour savoir qu’un jour, quand ses jolies idées si évidentes, si terre à terre, seront mises en place par l’étrange gouvernement qu’il appelle de ses vœux, viendra un Robespierre ou un Adolf pour lui rappeler que le fascisme est sans fin, que son moteur a besoin d’un carburant pour avancer, et qu’il faut puiser loin pour trouver des bouc-émissaires. Georges Orwell l’avait bien compris, mais Orwell était un géant et un anarchiste, ce qui faisait sa grandeur, quand Zemmour est un nain médiatique qui cultive la vulgarité. La boucle est bouclée et la vulgarité s’en va fleurir notre avenir, à coups de Français de souche dont on ne saurait trop se méfier tant la définition des souches varie. Et puis, les souches sont toutes amenées à pourrir : il vaut mieux se méfier des métaphores. (...)