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LE DÉFENSEUR DES DROITS SE SAISIT DE RISQUES DE DISCRIMINATION DANS UN RESTAURANT PARISIEN
Article mis en ligne le 18 mai 2018

Le Défenseur des droits, ayant pris connaissance par voie de presse d’allégations de discrimination dans un restaurant parisien, décide de se saisir d’office et d’ouvrir une enquête.

Selon les témoignages d’anciennes salariées, il existerait une pratique discriminatoire consistant à refuser la clientèle d’origine maghrébine, africaine et les femmes portant le voile.

En outre, il existerait également une pratique discriminatoire en raison de l’apparence physique.

En application de l’article 4 de la loi organique n°2011-333 du 29 mars 2011, le Défenseur des droits est chargé notamment de lutter contre les discriminations, directes ou indirectes, prohibées par la loi ou par un engagement international régulièrement ratifié ou approuvé par la France ainsi que de promouvoir l’égalité.

Lire aussi : À Paris, le resto des stars ne veut ni Arabes ni femmes voilées

le 18 avril : Hélène Bidard, adjointe à la mairie de Paris chargée notamment de la lutte contre les discriminations a fait un signalement au procureur de la République de Paris François Molins (sur la base de l’article 40 du code de procédure pénale).

Le Défenseur des droits annonce également dans un communiqué « se saisir d’office et ouvrir une enquête ».(...)

L’Avenue, brasserie ultrachic du 8e arrondissement de Paris, aime les célébrités et ça se voit. Au fil des années, le 41 avenue Montaigne est devenu la cantine de stars comme Cyril Hanouna, la chanteuse Rihanna, Kim Kardashian et sa demi-sœur Kendall Jenner, ou encore l’actrice Sienna Miller. Plusieurs personnalités politiques françaises sont ravies d’y côtoyer l’aristocratie du show-biz mondial, pour le plus grand bonheur du propriétaire des lieux, Jean-Louis Costes, 231e fortune de France en 2017, fondateur avec son frère Gilbert d’un empire de la restauration.

Ce que notre enquête montre, en revanche, c’est que la direction de L’Avenue n’aime pas trop les Arabes, ni les femmes voilées. Pour leur fermer les portes du restaurant, ils ont mis en place un véritable système discriminatoire en plusieurs étapes. Les témoignages que nous avons recueillis auprès du personnel du restaurant, les messages échangés par des employées que nous avons consultés et une lettre envoyée à l’inspection du travail mettent en lumière les méthodes mises en place par la direction pour trier cette clientèle.(...)

Selon Flore*, la 4e serveuse que nous avons rencontrée, les clients du Moyen-Orient étaient les plus discriminés, devant les Asiatiques ou les Noirs, qui peuvent être acceptés « même s’il ne faut pas qu’il y en ait trop ».

« On en est réduits à trier les noms »

Si une cliente voilée qui a réservé par téléphone ou sur internet se présente devant les hôtesses chargées de l’accueil, la consigne est de lui faire croire que sa réservation n’a pas été enregistrée, affirme Églantine*, qui a été manageuse à L’Avenue (...)
La réservation de BuzzFeed au nom de « Ahmed » refusée(...)

L’inspection du travail alertée

Une demi-douzaines d’anciennes serveuses de ce restaurant ont décidé de dénoncer ces méthodes. Elles ont alerté l’inspection du travail de manière anonyme en février dernier, et envisagent de saisir une association pour « dénoncer ces discriminations ». L’article 225-1 du code pénal interdit en effet à tout commerçant de refuser la vente d’un produit ou d’un service. Lorsque le motif repose sur une discrimination, et que cela concerne un lieu pouvant accueillir du public, la loi punit ce délit de cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.